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palais et que la sœur de Timour-beg elle-même n’est pas dispensée de remplir les devoirs qu’imposent ces singulières habitudes d’hospitalité[1].

Div-Hissar est une forteresse sise sur un des affluents du haut Oxus, nous sommes au pays bactrien.

Au Tibet, autre surprise. L’usage a consacré là des mœurs faciles bien faites pour nous étonner, et cependant, ces mœurs faciles, malgré les soupçons d’analogie qu’elles peuvent nous suggérer, ne sont pas et ne peuvent pas être considérées comme une expression de prostitution.

Turner, qu’il faut nécessairement citer dès qu’on parle du Tibet[2], esquissant à grands traits les mœurs de cette contrée, consigne l’observation que voici :

« Les Thibétains peuvent quelquefois être accusés de froideur envers les femmes, mais aussi ils sont loin de les tyranniser. Quoiqu’une femme mariée soit tenue de garder la fidélité conjugale sous des peines assez sévères, il n’en est pas moins vrai qu’avant de se marier elle peut se livrer à ses goûts sans que cela fasse tort à sa réputation et sans que les maris qu’elle épouse lui en sachent mauvais gré. »

Bien plus — et soit dit par occasion, le cas de notre collègue affirme une fois de plus la véracité du voyageur vénitien, longtemps suspectée, — Marc Pol, dans son chaud et

  1. J.-P. Ferrier, Caravan Journeys and Wanderings in Persia, Afghanistan, Turkestan and Beloochistan, London. 1857, chap. xvi, ad finem.
  2. D’autres voyageurs méritent aussi d’être signalés à l’attention du monde de l’ethnographie : ainsi George Bogle et le docteur Hamilton, qui précédèrent Turner au Tibet, et Samuel Davis et Saunders, qui l’y accompagnèrent, et surtout et avant tous Alexandre Csoma, né au village de Coros en Transylvanie, mort au mois d’avril 1842, à Darjiling, dans le Népal, au moment où il se disposait à retourner au Tibet pour y continuer ses études sur l’histoire du pays et sur la littérature bouddhique.

    Dans un premier voyage, Csoma était allé s’établir dans le monastère bouddhique de Kanoum, dans la vallée du haut Sedledge et y demeura quatre années.

    L’Europe, et par elle toutes les nations savantes doivent à Csoma la connaissance de l’intéressante et riche littérature du Tibet.

    Csoma est le fondateur de l’étude du tibétain et, dit M. Éd. Foucaux, le seul Européen qui s’en soit occupé dans l’Inde.