Page:Olympe de Gouges - Le Mariage inattendu de Chérubin.djvu/37

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Susanne.

Mon oncle, voudriez-vous manquer à des perſonnes de ce rang, & à qui vous devez tant de reconnoiſſance ?

Fanchette.

Mon père !

Antonio, faiſant la grimace.

Eh ben ! mon père. — Taiſez-vous, petite péronnelle. (À la Comteſſe.) J’avons nos raiſons, Madame la Comteſſe. Monſieur Nicolas eſt un brave garçon, qui a du bien, qui ne veut plus que je ſois Jardinier, & qui prend ma fille telle qu’elle eſt.

Susanne, à part.

Que veut-il dire ? J’entrevois du myſtère. (Bas à la Comteſſe.) Tâchez d’éclaircir cela, Madame, nous allons vous laiſſer avec lui.

Nicolas.

Je la prenons jolie, parce qu’elle l’eſt, morguenne, je l’épouſerions de même, quand elle ne le ſeroit pas. Suffit que j’avons donné notre parole ; notre biau-père nous connoît ben ; j’avons le cœur ſur la main, dà.

Susanne, à part.

Quelle bonne tournure de mari ! Qu’on en trouve un plus benêt, & je prends ſur le champ la poſte aux ballons pour l’aller dire à Rome. (Haut à Fanchette.) Suivez moi, ma couſine. (À Nicolas.) Et vous auſſi, mon prétendu couſin.