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nous oblige au culte d’obéissance par le travail, amène au culte d’amour et de reconnaissance par ses succès. Aussi zélé que Confucius pour la vérité qu’il chercha partout, qu’il déterra partout en parcelles, mais plus heureux en ce qu’il découvrit enfin sa racine, rien que le grand, l’utile et le vrai ne lui parut digne de ses veilles : partout il rassembla les flammèches du flambeau de Prométhée ; il en réunit les parcelles éparses dans les mains de l’homme, lui apprit à s’en éclairer sur la terre, et à tout rapporter au ciel de qui seul il peut tout tenir. Il découvrit dans la médecine l’économie animale, dans la métaphysique l’économie morale, dans l’agriculture l’économie politique : et formant un ensemble de tout ce que l’homme imagine, conçoit, désire, laboure, façonne, navigue, il ramena le tout au simple sous la double étreinte de nos droits et de nos devoirs établis, dictés, protégés par Dieu même dès l’instant de sa volonté créatrice, et visiblement renfermés dans la grande loi de l’ordre naturel.

« Toute la doctrine de Confucius tendait à redonner à la nature humaine ce premier lustre et cette première beauté qu’elle avait reçue du ciel, et qui avait été obscurcie par les ténèbres de l’ignorance et par la contagion des vices. Il conseillait, pour pouvoir y parvenir, d’obéir au Seigneur du ciel, de l’honorer et de le craindre, d’aimer son prochain comme soi-même, de vaincre ses penchants, de ne prendre jamais ses passions pour règle de sa conduite, de les soumettre à la raison, de l’écouter en toutes choses, de ne rien faire, de ne rien dire, de ne rien penser même qui lui fût contraire. »[1] On ne pouvait rien ajouter sans doute cet arc-en-ciel radieux de morale religieuse ; mais le point essentiel était de le fixer sur la terre : c’est ce qu’a fait notre maître, en faisant sortir du sein de la mère commune la base de ce brillant édifice, désormais fondé sur le produit net. La liberté active, l’équité distributive, la charité fraternelle, l’unité de tous les intérêts enfin, sont les quatre vertus qui, s’élevant sur ce bloc nourricier, offrent à l’Éternel le tribut d’action de sa créature privilégiée, et qui fixeront désormais sur la terre ses inépuisables bienfaits.

Après les premiers philosophes, quels autres hommes la reconnaissance publique pourrait-elle un jour lui comparer en matière de bienfaits ? Les législateurs et les administrateurs quelconques, instruits, comprimés et forcés par les circonstances, ne purent

  1. Histoire de la Chine, du P. Duhalde, t. 2, p. 322. (Note de l’original.)