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Théaudière allait donc souvent courtiser sa meunière pour savoir ce qui se passait dans les environs et principalement à Pont-Péan où les bleus avaient établi un poste avec des patrouilles qu’ils envoyaient à droite et à gauche pour surveiller leurs ennemis.

Le seigneur de Laillé, comme tous les chefs de cette guerre néfaste, se vit dans la nécessité de punir les traîtres, de terroriser les faibles, de fusiller les prisonniers et souvent, hélas ! de faire taire en lui les lois de l’humanité pour le salut de sa cause.

Voici d’ailleurs, entre mille, un épisode de ces temps malheureux.

Les bleus avaient été repoussés au Pâtis, sur le territoire d’Orgères, et plusieurs de leurs morts jonchaient le sol. Parmi eux se trouvait un chouan qui semblait agoniser sur le revers d’un talus.

Un jeune homme et sa fiancée, revenant de Rennes, où ils étaient allés faire leurs emplètes de noces, passèrent en ces lieux, et le futur marié, peu partisan des guerres qui ensanglantaient le pays, dit en regardant le chouan : « Qu’il rende donc l’âme et que ce soit le dernier ! » Le malheureux jeune homme paya cher ces paroles imprudentes.

Le blessé ne mourut pas et se rétablit même assez promptement. Il avait entendu les paroles du fiancé et les avait répétées à son chef. Celui-ci jugea à propos de faire un exemple pour répandre de plus en plus la terreur autour de lui. Il attendit pour cela le jour de la noce des infortunés jeunes gens, et, le soir de la fête, au moment où le marié pensait à tout autre chose qu’à mourir, il le fit empoigner par une bande de chouans armés jusqu’aux dents. On le conduisit près du bourg d’Orgères, dans les prés Benoist, et là il fut assommé à coup de hoyaux. Les chouans n’osèrent pas le fusiller dans la crainte d’attirer les bleus qui seraient accourus au bruit des détonations.

Le bon Dieu à Laillé.

I


Le bon Dieu, en compagnie de saint Jean et saint Pierre, vient quelquefois sur la terre et effectue des promenades dans les pays qu’il affectionne.