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SA CORRESPONDANCE

viez écrit et que votre lettre se fût égarée ou eût été interceptée, vous ne m’accusiez point de lenteur, de paresse, de mauvaise volonté à vous répondre. Si donc vous devez m’écrire, vous adresserez la lettre à Cologne, à Tillman de Fosse. Celles que je vous écrirai, je les adresserai à Bâle, soit à Froeben, soit à la Cratandre. J’espère ainsi que ni l’un ni l’autre de nous ne sera leurré dans son attente.

Du reste j’ai voulu seulement vous faire savoir que la guerre continue entre moi et les Théosophistes de Louvain. Jusqu’ici assiégé dans mon propre camp, je me suis borné à répondre aux diverses attaques par des sorties de peu d’importance ; maintenant que le combat devient acharné, j’ai ouvert les portes et suis sorti armé de toutes pièces, me présentant carrément au combat. Les auxiliaires Parisiens et ceux de Cologne ne leur manquant point, je ne sais moi où je trouverai des alliés. Mais je sais que ma cause est telle que nulle contradiction ne peut l’anéantir, aucun mensonge l’atteindre ; ni le manque d’avocats ni la mauvaise foi des juges ne peuvent l’amoindrir en quoi que ce soit. Ainsi fortifié, je ne crains point, même seul, d’entrer en lice. Si j’en sors victorieux, la gloire ne sera pas moindre pour moi que pour vous ; je combats vaillamment non pas seulement avec mes armes propres, mais avec les vôtres, et je m’élance avec d’autant plus de hardiesse à la lutte pour la même raison. En moi vous verrez bientôt un soldat nouveau s’avancer pour combattre avec une franchise et un sang-froid imperturbables. Vous en rirez, je le sais ; d’autres l’admireront. Les sophistes en crèveront par le milieu ; pour moi, je vaincrai ou je m’en tirerai honorablement. Adieu, pensez à moi.


LXVIII
Agrippa à Érasme.

Bonn, le 22 novembre 1532.

J’ai honte, illustre Érasme, de vous importuner par des lettres si fréquentes, et qui ne renferment autre chose que bonjour et bonsoir, surtout vous qui avez tant à faire. Mais, comme votre jeune serviteur est passé par ici, qu’il était chargé de me transmettre vos salutations, j’ai craint d’être taxé d’une honteuse ingratitude si je ne vous répondais point. Le respect que j’ai pour votre grand nom ne m’a pas permis de rester silencieux à votre égard, et m’a mis à la main cette faible plume, pour vous dire simplement que, si vous avez besoin de moi, si je puis vous être utile en quelque chose, usez de mes services comme vous l’entendrez. Le cœur d’Agrippa n’hésitera jamais, ne se lassera jamais quand il s’agira de vous être agréable.

Je vous ai écrit le 13 de ce mois par l’entremise du secrétaire du Révé-