Page:Osmont - Le Mouvements symboliste, 1917.djvu/112

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-^ LE SYMBOLISME ^-

Rien n'est plus doux et plus poignant que cet Ennui d'on ne sait quoi qui vous afflige,

qu'il a su le premier rendre avec tant de force cachée. Comme Baudelaire, Verlaine a « doté le ciel de l'art d'un frisson nouveau » et d'innombrables poètes l'ont suivi dans sa notation des clairs-obscurs de l'âme. Samain, Rodenbach, Henry de Régnier — celui-ci plus près de Mallarmé — ont pris chez Ver- laine cette brume et cette inquiétude, et c'est un par- , fum de son jardin que nous respirons, par exemple, dans ce poème de Samain^ :

Mon cœur est un beau lac solitaire qui tremble...

Laquelle, Cydalise ou Linda, — que t'en semble? — Te laissera l'aimer, le front sur ses genoux : Qu'importe! L'heure est triste et les baisers sont doux... Mon cœur est un beau lac solitaire qui tremble... les belles, embarquez- vous !

Une imitation de ce genre — je veux dire la re- cherche d'un même idéal — n'a rien qui doive nuire au poète ni déplaire à ceux qui l'aiment. Mais il n'en est pas toujours ainsi et quand, par boutade, Verlaine s'est amusé à couper un mot en deux à la rime, il s'est trouvé des gobe-mouches pour crier à la nou-

I. A. Samàin. Au Jardin de l'Infante (Mercure de France, éd.).