-= ^ LE SYMBOLISME ^ =-
Rcvant de succès généreux,
Vain et lâche, j'ai ("ait comme eux :
J'ai déballé ma marchandise* !
Ce n'est pas ainsi qu'il avait rêvé la gloire, et cette cohue de jeunes poètes qui « sortent » leur petit papier au moment opportun lui avait semblé sou- verainement ridicule. S'il y cède, c'est par une sorte de timidité vaniteuse qui entraîne le meilleur à « faire comme les autres ».
Il voit avec une grande lucidité, lui qui, en plein symbolisme, dépeint Mallarmé « un sage qui divague » et trouve en Arthur Rimbaud (( le seul iso- mère avec Baudelaire ». Son Etude sur VArt allemand contemporain est admirable de clairvoyance et d'im- partialité. Il discute Baudelaire sans grand emballe- ment — chose rare à l'époque — mais sans diminuer en rien son génie qui ne lui plaît pas. Il retrouve en lui le romantique par la fréquence des comparaisons ; mais, pour Laforgue, la constante étude d'Edgar Poe l'a américanisé et ses comparaisons vont, à ren- contre de la nature, du réel à l'artificiel :
Mais mon cœur que jamais ne visite l'extase
Est un théâtre où l'on attend Toujours — toujours en vain — l'Etre aux ailes de gaze^.
Ceci, à notre sens, ne viendrait pas d'Edgar Poe,
1. Laforgue. OEuvres posthumes.
2. Les Pleurs du Mal : L'Irréparable.
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