Page:Osmont - Le Mouvements symboliste, 1917.djvu/147

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mais de lu leiiurc fivquentf des poètes latins de la décadenee dont e'cst tout à fait la manière et que le poète des Fleurs du Mal chérissait avant toutes elioses. Mais ce qui. aux yeux de Laforgue, met Baudelaire hors de pair, c'est ce dandysme sans pli, ces cris harmonieux et singuliers. Il dit avec une certaine injustice, excusahle dans un adolescent : « Ce n est pas un f/rand cœur ni un grand esprit, fnais quels nerfs plainlifs '. quelles narines ouvertes à tout ! quelle voix magique! » Il ajoute, pressentant comhien sera diili- cile, avec une sensibilité moindre et un moindre dan- dysme, l'imitation d'un tel génie : « Ses élèves me font l'effet de carabins d'estaminet. » Lui, son idéal, comme celui de sa génération, encore que par des moyens dilTérents. a été de supprimer la comparai- son, de suivre le conseil de Verlaine : « Prends-moi réioquence et tords-lui son cou. »

Dans ses Notes posthumes, nous trouvons le petit poème en prose Coup de foudre, qui l'analyse pleine- ment dans sa force et dans sa pensée. « J'aime, j'aime : j'ai Iju un coup de vertige. Moi si analyste, d'une âme si myope, je me sens tout solennel. Et je vais par les rues. Le Luxembourg est plein d'une grande allé- gres.se de cloches. Si elle ne m'aime pas, si je ne dois pas l'avoir absolument, qu'importe? J'aime, et cela me suf- fit : je me sens généreux, céleste, humain, palpitant, si plein de choses que je n'ose me regarder entre quatre- z-yeux. Et tout ça sans blague. »