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■-5^ LE SYMBOLISME ^-

mique la plus actuelle, sut donner un si singulier ragoût aux discussions de l'afTaire Dreyfus. Il n'y avait pas là de quoi excommunier Jean Moréas, lequel d'ailleurs s'en souciait peu, portant la réprobation du public d'une âme sereine. Le public veut une lecture qui le délasse et l'amuse et ne demande aucune ten- sion d'esprit. (( Nos pères jugeaient des livres par leur goût, leur raison, leur conscience ; nous en jugeons par les émotions quils nous donnent^ . » Ces émotions sont plus gênées, moins directes, lorsqu'un langage précieux nous fait chercber en les lisant.

Cependant il contenait, ce Pèlerin passionné, tant de grâce à quoi le public eût été sensible, s'il eût pu vaincre sa paresse.

Pour couronner ta tête, je voudrais Des fleurs que personne ne nomma jamais.

Et ceci, avec l'érudition un peu naïve de l'écolier amoureux — mais quel écolier, et de quelles Muses !

J'ai tellement soif, ô mon amour, de ta bouche, Que j'y boirais en baisers le cours détourné Du Strymon, l'Araxe et le ïanaïs farouche, Et les cent méandres qui arrosent l^itané, Et l'Hermus qui prend sa source où le soleil se couche Et toutes les claires fontaines dont s'abreuve Gaza Sans que ma soif s'apaisât'^.

1. J. JouBERT, Pensées.

2. Jea.n Moréas, Le Pèlerin passionné. Vanier éditeur.

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