Page:Osmont - Le Mouvements symboliste, 1917.djvu/54

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dent ; il ne sait j^as très bien pourquoi. Le sonnet est dédié à Mallarmé lui-même.

La seule différence des deux groupes fut dans la métrique — et encore, — car nous trouvons l'impec- cable Laurent Tailhade au Décadent. D'ailleurs Mallarmé fut le seul de son groupe à garder la règle impassible et stricte. Les plus symbolistes de ses dis- ciples cherchèrent des effets nouveaux, une musicalité plus fluide dans les procédés verlainiens. Presque tous collaborèrent indifféremment au Symboliste et au Décadent, portèrent leurs ardents hommages au cor- rect salon de la rue de Rome aussi bien qu'au cabaret ou à l'hôpital oii l'on rencontrait Paul Verlaine.

Le vrai centre du symbolisme, parce qu'il fut le seul aie professer intégralement, dans sa plus austère doc- trine, fut Stéphane Mallarmé. Aussi avait-il conquis l'estime et l'admiration des poètes qui l'entouraient.

Albert Mockel nous a décrit sa causerie : (( La cau- serie naissait vite. Sans pose, avec des silences, elle allait d'elle-même aux régions élevées que visite la méditation. Ln geste léger commentait ou venait sou- ligner; on suivait le beau regard, doux comme celui d'un frère aîné, finement sourieur, mais profond, et oii il y avait parfois une mystérieuse solennité. Nous passions là des heures inoubliables, les meilleures sans doute que nous connaîtrons jamais ; nous y assistions, parmi toutes les grâces et les séductions de la parole, à ce culte désintéressé des idées qui est la joie religieuse