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■^ LE SYMBOLISME ^-

En 1869, dans la même inattention, saufparmiles Parnassiens et quelques lettrés délicats, parurent les Fêtes galantes.

C'est peut-être, au point de vue de la forme, ce que Verlaine a produit de plus parfait. Le parti pris de pastiche, que lui imposait son titre même, interdi- sait toute confidence personnelle, mais la grâce inquiète et cependant robuste du poète se trahissait en mille endroits, comme une taille flexible s'ame- nuise sans se raidir dans le corset étroit du temps qu'il a choisi. Tout le monde sait par cœur les Fêtes galantes et goûte le charme pénétrant de leur émo- tion musicale comme un crépuscule de Watteau :

Un calme clair de lune triste et beau

Qui fait pâmer les oiseaux dans les arbres

Et sangloter d'extase les jets d'eau,

Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres.

Verlaine publia encore vers 1870, sous le pseudo- nyme du (( licencié Pablo de Herlagnez, à Ségovie », les sonnets des Aînies, dont le sujet n'entre pas dans le cadre de notre étude.

A ce moment, Paul Verlaine connut et aima une très jeune fille, sœur utérine du musicien-poète Charles de Sivry, M"*" Mautet. Ce fut un amour plein de fraîcheur et d'un enchantement délicat dont la Bonne Chanson nous apporte l'écho :