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OITHONA

L’obscurité règne autour de Dunlathmon, quoique la lune montre à moitié sa face sur la colline. La fille de la nuit détourne ses regards ; elle voit s’approcher la tristesse.

Le fils de Morni est sur la plaine ; aucun bruit dans le palais. Nul rayon de lumière n’arrive en tremblant à travers les ténèbres.

La voix d’Oithona n’est point entendue au milieu du bruit des torrents de Duvranna. « Où es-tu allée dans ta beauté, fille aux noirs cheveux de Nuath ? Lathmon est sur le champ des braves, mais tu m’avais promis de demeurer dans ton palais jusqu’au retour du fils de Morni ; jusqu’à ce qu’il revint de Strumon vers la vierge de son amour ! Des larmes étaient sur ta joue à son départ, de secrets soupirs gonflaient ton sein. Mais au devant de lui tu ne viens pas avec tes chants, avec le son tremblant et léger de la harpe ! »

Telles étaient les paroles de Gaul en approchant des tours de Dunlathmon. Les portes étaient ouvertes et sombres. Les vents mugissaient dans le palais. De leurs feuilles les arbres avaient jonché le seuil, et le murmure de la nuit s’entendait au dehors.

Triste et silencieux, le fils de Morni s’assied sur un rocher. Son âme tremble pour la jeune fille ; mais il ne sait où diriger sa course. Le fils de Leth, arrêté à quelque distance, écoutait le vent dans sa chevelure touffue ; mais il n’élevait point la voix, car il voyait la tristesse de Gaul.

Le sommeil descend sur les héros. Les visions de la nuit se lèvent. Dans un rêve, Oithona se présente aux yeux du fils de Morni. Ses cheveux étaient en désordre, son œil charmant roulait dans les larmes, le sang tachait son bras de neige, et sa robe cachait à demi la blessure de son sein. Elle s’arrêta sur le chef, et sa voix se fit entendre faiblement : « Dort-il,