Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/292

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leurs pères. Erragon s’avance dans sa puissance, pareil au rugissement d’un torrent d’hiver. Les combattants tombent autour de lui : la mort marche sombrement à ses côtés !

« Qui vient, s’écria Fingal, comme le daim bondissant, comme le chevreuil de la retentissante Cona ? Son bouclier étincelle à son côté et lugubre est le bruit de son armure ! Au milieu de la mêlée il rencontre Erragon. Contemplez le combat des chefs ! Telle est la lutte des fantômes dans une ténébreuse tempête. Mais tombes-tu, fils de la colline, et ta blanche poitrine est-elle tachée de sang ? Pleure, infortunée Lorma ! Aldo n’est plus ! »

Triste de la chute d’Aldo, Fingal saisit la lance de sa force et penche ses yeux mortels sur l’ennemi. Mais Gaul a rejoint le monarque de Sora. Qui pourrait dire le combat de ces deux chefs ? Il tombe, le puissant étranger ! — « Fils de Cona, s’écrie Fingal, arrêtez le bras de la mort. Puissant était celui qui est maintenant si bas ! Oh ! qu’il sera pleuré dans Sora ! L’étranger s’approchera de sa demeure et s’étonnera de son silence. Le roi est tombé, ô étranger, et la joie s’est tue dans sa maison. Prête l’oreille au bruit de ses forêts ; son fantôme y murmure peut-être. Mais loin, bien loin sur Morven, il est tombé sous l’épée d’un ennemi étranger ! » Telles furent les paroles de Fingal quand les bardes firent entendre le chant de la paix. Nous arrêtons nos épées levées et nous épargnons les faibles ennemis. Erragon fut placé dans une tombe et j’élevai la voix de la douleur. Les nuages de la nuit descendirent et roulèrent sur la plaine. L’ombre d’Erragon apparut à quelques-uns : sa figure était sombre et nuageuse, et un soupir à demi formé soulevait sa poitrine. « Bénie soit ton âme, ô roi de Sora ! ton bras était terrible dans la guerre ! »

Lorma était assise dans le palais d’Aldo ; elle était