Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/388

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le bouclier de Fingal qui gémit à la brise : il est suspendu dans le palais d’Ossian, et quelquefois je le touche de mes mains. Oui, je t’entends, ô mon ami ! Ta voix longtemps a été absente de mon oreille ! Sur ton nuage, qui t’amène vers Ossian, fils du généreux Morni ? Les amis du vieillard sont-ils auprès de toi ? où est Oscar, le fils de la gloire ? À tes côtés il était souvent, ô Conlath ! quand éclatait le bruit de la bataille.

LE FANTÔME DE CONLATH.

La douce voix de Cona dort-elle dans sa demeure harmonieuse ? Ossian dort-il dans sa demeure, quand ses amis sont privés de leur gloire ? La mer roule autour de la sombre I-thona. Dans notre île on ne voit point nos tombeaux. Combien de temps encore notre gloire ne sera-t-elle pas chantée, ô fils de la retentissante Selma !

OSSIAN.

Oh ! si mes yeux pouvaient te voir, toi qui t’assieds, obscur sur ton nuage ! Es-tu semblable au brouillard de Lano, au météore de feu à moitié éteint ? De quoi sont faits les pans de ta robe et ton arc aérien ?… Il est parti sur sa brise comme l’ombre d’un nuage fugitif. Descends de ta muraille, ô harpe, et que j’entende tes sons ! Que la lumière de la mémoire se lève sur I-thona ! que je voie encore mes amis ! oui, Ossian revoit ses amis sur leur île bleue et brumeuse. La caverne de Thona m’apparaît avec ses rochers couverts de mousse et ses arbres inclinés : à l’entrée rugit un torrent ; Toscar se penche sur ses ondes. Fercuth est triste à ses côtés. Cuthona s’assied à quelque distance et pleure. Ne les entends-je point parler ? ou le vent des vagues trompe-t-il mon oreille ?