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CARTHON

comme des étoiles de lumière. Sa chevelure était noire comme l’aile du corbeau ; son âme était généreuse et tendre. Mon amour pour Moina fut grand, et mon cœur s’épanchait dans la joie.

« Le fils de l’étranger vint : ce chef aimait la blanche Moina. Ses paroles étaient hautaines dans la salle, et souvent il tirait à demi son épée. — « Où est le puissant Comhal, disait-il, l’infatigable chasseur de la bruyère ? Vient-il, avec son armée, à Balclutha, puisque Clessammor est si hardi ? » — Guerrier, répondis-je, mon âme brille de sa propre lumière ! Je me tiens, sans crainte, au milieu de milliers d’ennemis, quoique les braves soient absents ! Étranger, tes paroles sont audacieuses parce que Clessammor est seul ; mais mon épée frémit à mon côté ; il lui tarde de briller dans ma main. Ne parle plus de Comhal, enfant de Clutha !

« La force de son orgueil se leva. Nous combattîmes : il tomba sous mon glaive. Les rives de Clutha entendirent sa chute et mille lames étincelèrent autour de moi. Je combattis ; mais les étrangers l’emportèrent, et je me jetai dans les ondes de Clutha. Mes blanches voiles s’ouvrirent sur les vagues, et je bondis sur la mer profonde et bleue. Moina vint sur le rivage avec des yeux rouges de larmes : ses cheveux dénoués flottaient sur le vent et j’entendais de loin ses cris pleins de douleur. Plusieurs fois, vers la côte, je tournai mon navire, mais les vents d’Est triomphèrent de mes efforts. Depuis, je n’ai jamais vu Clutha ni Moina à la noire chevelure. Elle est morte dans Balclutha, car j’ai vu son ombre ; je l’ai reconnue lorsqu’elle a passé, à travers la nuit obscure, le long du murmure de Lora ; elle ressemblait à la nouvelle lune, vue à travers la brume épaisse, quand le ciel verse ses flocons de neige et que le monde est silencieux et sombre. »

Bardes, dit le puissant Fingal, chantez les louan-