Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/128

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priétés différentes, pas plus que des corps ayant les mêmes propriétés ne peuvent avoir une composition différente.

De ces deux propositions, la seconde seule s’est maintenue. Jusqu’ici on ne connaît encore aucun cas où deux corps présentant les mêmes propriétés aient des compositions différentes. La proposition n’avait besoin de preuve expérimentale qu’au point de vue physique, car, si les propriétés chimiques sont les mêmes, on obtient forcément les mêmes produits de transformation par un traitement correspondant avec d’autres corps : identité de propriétés chimiques signifie à l’avance identité de composition.

En conséquence, l’attention des chimistes fut vivement éveillée par le fait suivant : deux jeunes savants encore peu connus, Justus Liebig, de Giessen (1803-1873), et Friedrich Wœhler, de Francfort (1800-1882) avaient, indépendamment l’un de l’autre, travaillé des questions toutes différentes. Pour avoir expérimenté sur le fulminate de mercure dans sa mansarde, Liebig fut, par bonheur, renvoyé de la pharmacie où il était stagiaire. Remarqué par des personnes influentes, il était allé à Paris, et là, dans le laboratoire de Gay-Lussac, il avait continué ses expériences avec succès. Sous la direction du maître, il avait même réussi à analyser ce corps dangereux, et avait établi que c’était le sel mercuriel d’un acide dont