Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/129

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il fixait la composition à HC NO (notation moderne).

D’autre part, Wœhler avait obtenu, en partant du ferrocyanure, le cyanate de potassium, d’où il avait retiré l’acide cyanique, et il avait préparé d’autres sels de cet acide ; ces recherches le conduisirent plus tard à la première synthèse d’une combinaison organique, l’urée. Il avait lui aussi, analysé son acide cyanique, et avait trouvé la composition HC NO. Ni l’un ni l’autre, Liebig et Wœhler, n’avaient remarqué la concordance du résultat de leurs analyses, mais ce fait important n’échappa pas à la perspicacité de Berzélius, qui était, comme tout le monde, convaincu qu’il existait une dépendance univoque entre les propriétés et la composition. En présence de ce fait, que les propriétés de ces deux combinaisons semblant avoir la même composition étaient absolument différentes, il songea d’abord à la possibilité d’une erreur commise par l’un ou l’autre des deux expérimentateurs. Chacun d’eux, ayant vérifié l’exactitude de ses analyses, était naturellement disposé à rejeter la faute sur l’autre, et ils étaient sur le point de se brouiller. Par bonheur, ils préférèrent une explication de vive voix. Cette rencontre fut suivie d’une amitié qui dura toute la vie, et qui, dans l’histoire de la chimie, est aussi proverbiale que l’amitié de Gœthe et Schiller dans l’histoire de la littérature.

Ils se convainquirent qu’aucun d’eux n’avait commis d’erreur. Ils en rendirent compte publi-