Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/151

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prévoir de nouvelles, et même à indiquer la voie à suivre pour les obtenir.

On dit que les États se maintiennent par les moyens mêmes qui ont présidé à leur fondation, mais il faut plutôt dire le contraire des théories chimiques. Elles voient leur existence menacée par les mêmes problèmes, qui les ont conduites à la victoire. C’est à propos de l’isomérie que s’est développée la chimie de constitution, c’est autour de l’isomérie que se sont soutenues toutes les luttes, qui, après avoir élargi la notion de structure, commencent, aujourd’hui, à en compromettre l’existence.

Examinons d’abord les postulats de la théorie de la structure. La doctrine de la liaison réciproque ou de la saturation des valences des atomes des éléments offre une image univoque de la réalité ou, tout au moins, un schéma univoque, et on doit considérer ces valences comme des grandeurs invariables tout à fait déterminées. Sur ce point, Kekulé était très net : il a toujours dit très haut que la valence est une propriété invariable des atomes. Mais il y a deux directions distinctes, dans lesquelles cette supposition ne s’accorde pas avec l’expérience. Dans la formule de structure de certaines combinaisons, certains éléments présentent moins de liaisons saturées que cette supposition n’en exige, et, d’autre part, il y a des combinaisons dont on ne peut écrire la formule de struc-