Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/153

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la relation univoque entre la formule et le corps. Malgré cela, cette théorie s’est maintenue en substance pendant un demi-siècle. C’est que ses autres avantages sont si grands qu’on passe volontiers sur ses inconvénients : la théorie de la structure s’applique complètement aux corps les plus importants, aux combinaisons organiques les plus compliquées ; elle ne présente d’exceptions que pour quelques corps assez simples, et on peut facilement les retenir. Elle remplit ainsi son but systématique et heuristique d’une façon très suffisante, et c’est pour cela qu’on la conserve en dépit de ses lacunes.

Au début, on avait regardé tout naïvement ces dessins de structure, tels qu’on les trace sur le papier, comme des images suffisantes de toutes les relations des atomes entre eux et de toutes les isoméries. Les représentations dans l’espace pouvaient seules épuiser complètement la question, on l’avait dit à l’occasion, mais sans effet. Il fallait d’abord rendre intuitive la différence entre la représentation plane et la représentation dans l’espace ; il fallait montrer aussi que l’introduction de cette nouvelle multiplicité graphique pouvait rendre intuitive une multiplicité spéciale des combinaisons chimiques, et c’est seulement quand la théorie du carbone tétraédrique de van ’t Hoff (1877) eut réalisé cette double condition, que l’on commença, petit à petit, à examiner ce côté de la