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question. Des prédictions et de brillantes confirmations attirèrent de plus en plus l’attention sur ces schémas de structure perfectionnés, et, actuellement, la stéréochimie revendique une place importante dans les théories de la chimie.

Ici encore, ce fut une question d’isomérie qui força les chimistes à élargir leurs conceptions. Comme dérivés de l’acide malique on connaissait depuis longtemps deux acides isomères, maléique et fumarique, auxquels, avec les formules de structure plane, on ne pouvait d’aucune façon raisonnable, attribuer deux constitutions chimiques différentes. On avait d’abord essayé, mais en vain, tous les détours possibles pour rendre plausible une différence de structure entre les deux corps : l’étude de ces tentatives est très instructive, mais elle est trop longue pour trouver place ici. On connaissait encore d’autres couples semblables, par exemple les acides crotoniques, et, vers 1870, dans les traités qui, ayant la prétention d’être complets, ne pouvaient passer sous silence ces êtres récalcitrants, on avait l’habitude de les reléguer dans un petit coin comme des parias.

Van ’t Hoff et Le Bel, en même temps mais indépendamment l’un de l’autre, montrèrent alors que les formules de structure dans l’espace permettaient précisément d’expliquer les isoméries, quand les formules planes n’y réussissent pas. En disposant les quatre valences du carbone ou aux