Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/189

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relations se vérifient réellement pour les solutions très diluées, et il a mis en lumière de la façon la plus convaincante la fécondité des vues de Hittorf.

Les résultats de ces mesures devaient être encore plus riches en conséquences. De ce qu’un ion déterminé se déplace avec une égale vitesse, quels que soient les autres ions auxquels il est combiné dans un sel, il faut conclure que la combinaison n’a pas d’influence sur la vitesse des ions. Ce serait un fait absolument incompréhensible, si, comme on le croyait alors, les ions étaient liés entre eux par une affinité chimique, dont la grandeur varie beaucoup suivant les cas. Par exemple, l’ion potassium se déplace avec la même vitesse que l’ion ammonium dans tous les sels de même acide, alors que l’on considérait les sels de potassium comme possédant les plus fortes affinités, et qu’on attribuait au contraire aux sels d’ammonium des affinités très faibles. Hittorf avait déjà signalé des contradictions analogues entre les faits et les idées généralement acceptées. Les sels de potassium conduisent mieux que tous les autres sels, il semble donc qu’ils doivent se décomposer plus facilement en ions ; les sels de mercure au contraire conduisent très mal, et, par suite, leurs ions sont très fortement liés : c’est précisément l’inverse de ce que l’on admettait pour les affinités chimiques correspondantes.

On savait aussi que, tant que la polarisation aux