Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/190

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électrodes n’intervient pas, la conductibilité des électrolytes se comporte comme celle des métaux : la moindre force électromotrice produit un courant, qui ne dépend que de la conductibilité. Si l’action du courant devait d’abord séparer les sels de l’électrolyte en leurs ions, il faudrait pour cela une certaine force électromotrice, et la conduction du courant ne pourrait commencer qu’une fois cette force électromotrice atteinte. Mais cela est contraire à l’expérience, et, en 1857, R. Clausius, s’appuyant sur l’hypothèse moléculaire, avait admis que, par leurs chocs mutuels, quelques molécules salines s’étaient déjà dissociées. Dans cette hypothèse, la conductibilité moléculaire devrait être d’autant plus faible que la solution est plus étendue, parce que les rencontres de molécules seraient d’autant plus rares, et la dissociation qu’elles entraînent, d’autant moins complète que la dilution augmenterait et que ces molécules se mouvraient plus loin l’une de l’autre. Or l’expérience montre précisément le contraire : la conductibilité moléculaire augmente quand on dilue la solution, et tend vers un maximum, qui, pour beaucoup de sels, se trouve déjà atteint avec des dilutions mesurables. Il fallait plutôt admettre que les ions, complètement séparés dans la solution étendue, se combinent d’autant plus activement qu’ils se rencontrent plus souvent, quand les solutions se concentrent davantage. Clausius ne connaissait pas ce dernier fait,