Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/231

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serait le mouvement perpétuel. Puisque le mouvement perpétuel est irréalisable, l’hypothèse est fausse. On montrerait de même que B ne peut avoir un meilleur rendement que A. Il faut en conclure que, dans deux machines parfaites, le rapport entre la chute de chaleur et le travail produit est le même, ce qu’il fallait démontrer.

Comme on le voit, ces considérations ne font pas intervenir la loi de la conservation de l’énergie, car elles laissent absolument indéterminé le mode de transformation de la chaleur en travail. Carnot croyait d’abord que la chute de température suffisait à elle seule, comme la chute de l’eau dans le moulin, et qu’il n’y avait pas plus de destruction de chaleur que de perte d’eau. Ses notes posthumes semblent montrer que, plus tard, il s’est rendu compte qu’une partie de la chaleur disparaît, mais elles n’ont été publiées que quand toute la question était déjà éclaircie par d’autres savants. Les conclusions de Carnot peuvent donc être obtenues sans connaître le premier principe, c’est-à-dire la conservation de l’énergie : c’est un point essentiel, par lequel le mouvement perpétuel, dont le raisonnement de Carnot démontre l’impossibilité, est différent d’un mouvement perpétuel, qui pourrait être dû à une création d’énergie, car il est tout à fait indépendant du premier principe.

Ainsi un mouvement perpétuel, suivant Carnot, se produirait, si la chaleur d’une masse d’eau à