Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/232

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température constante pouvait se transformer partiellement en quelque autre énergie, en énergie électrique, par exemple. L’expérience prouve que c’est tout aussi impossible que la création de l’énergie. Voilà par conséquent une seconde loi, indépendante du premier principe. On l’appelle le second principe, et on peut, en généralisant, la formuler ainsi : l’énergie immobile ne se met pas d’elle-même en mouvement, ou, si on donne au mouvement perpétuel, suivant Carnot dont il vient d’être question, le nom de mouvement perpétuel de seconde espèce, on peut dire : tout mouvement perpétuel de seconde espèce est impossible.

La grande idée de Carnot resta d’abord stérile, comme beaucoup de celles qui devancent leur temps. Le petit livre où il l’avait exposée tomba dans l’oubli complet. Sans faire cesser cet oubli, un ingénieur du nom de Clapeyron reprit cette idée dix ans plus tard, et lui donna une forme analytique élégante. De même, dix ans après Clapeyron, Poggendorff reproduisit dans ses Annales si répandues le travail de Clapeyron, en insistant tout spécialement sur son importance. Mais Clausius et W. Thomson, apprécièrent les premiers, en 1850, la portée de l’idée de Carnot. Clausius montra, comme on l’a vu plus haut, qu’elle est indépendante du premier principe : malgré l’inexactitude de l’hypothèse de Carnot, à savoir qu’il n’y a pas de chaleur détruite dans les machines ther-