Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le phénomène devait être de sens contraire à ce qu’il était pour la cire, etc. dans les expériences de Bunsen : le point de fusion de l’eau devait s’abaisser quand la pression augmentait. L’expérience confirma la théorie non seulement en ce qui concerne le sens du phénomène, mais même l’abaissement du point de fusion, d’ailleurs très faible, calculé à l’avance, fut trouvé exact dans la mesure où le permettaient les erreurs d’expérience inévitables.

Alors, grâce à l’application des deux principes, l’histoire expérimentale des corps, dont nous connaissons les rapports d’énergie, n’est plus qu’un chapitre de l’analyse combinatoire. Il suffit d’appliquer les méthodes de Clausius, W. Thomson et Gibbs à toutes les combinaisons imaginables des énergies mises en jeu, pour obtenir entre elles toutes les relations possibles. L’idéal le plus élevé, que Leibniz se faisait de la science, se trouve aujourd’hui atteint partout où règne l’énergétique.

L’importance des travaux de Gibbs tient justement à ce qu’ils ont réalisé ce progrès pour la théorie de l’équilibre chimique. On sait depuis longtemps en physique, que la thermodynamique, qui est l’une des branches les plus fécondes de la science, en est aussi la plus exacte. À cet égard, elle ne le cède en rien à la mécanique rationnelle, à laquelle, d’un autre côté, elle est bien supérieure parce qu’elle se rapproche bien davantage des