Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/240

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faits réels. Les travaux de Gibbs ont ouvert en chimie une voie analogue, et, depuis que les chimistes appliquent ses méthodes et ses découvertes, ils ont récolté une riche moisson de résultats ; mais la variété des phénomènes chimiques est si grande en comparaison de la thermodynamique, que le champ n’est pas épuisé, que presque tous les jours on trouve de nouveaux fruits, et que partout il manque de mains pour en cueillir d’autres, qui seraient faciles à atteindre.

Pour mieux caractériser le progrès dû à Gibbs, je veux exposer d’une façon un peu plus détaillée une des nombreuses lois découvertes par lui, la loi des phases. C’est celle dont l’importance a été reconnue dès la première heure, et qui a, par suite, trouvé les applications les plus variées, grâce surtout aux efforts de Bakhuis Roozeboom (1854-1906). Cet exemple montrera du même coup le caractère général des relations que Gibbs a su découvrir.

Considérons un corps homogène, solide, liquide ou gazeux, peu importe, et envisageons toutes les modifications possibles qu’il éprouverait sous des influences calorifiques ou mécaniques, en nous bornant, pour ces dernières, au cas d’une pression uniforme : son état est déterminé d’une façon univoque et invariable, si sa température et sa pression sont données. Cela se voit immédiatement pour les gaz, auxquels s’applique l’équation