Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/243

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vapeur, nous ne pouvons plus choisir arbitrairement qu’une seule grandeur, la température par exemple, mais alors la pression n’est plus arbitraire. Un liquide pur possède pour une température déterminée, une tension de vapeur déterminée, et sa vapeur ne peut exister à côté de lui sous aucune autre pression, car si la pression augmente, la vapeur se liquéfie, et, si la pression diminue, le liquide se vaporise.

Pour montrer une application plus étendue de la loi des phases, cherchons comment se comporte une solution saline au contact d’un sel solide. Nous avons deux constituants et deux phases, la solution et le sel solide ; alors L = 2, il y a deux libertés. Nous pouvons, par exemple, choisir une température déterminée. Or nous savons que, dans ces conditions, la solution se sature du corps solide, et qu’il s’établit, dans le liquide, un rapport bien déterminé entre le dissolvant et le sel. La seconde liberté, que la loi des phases exige, semble manquer. Toutefois, l’expérience a montré plus tard, que la concentration de la solution saturée peut varier, si on fait varier la pression : alors la saturation varie aussi. Cette variation d’ailleurs très faible existe, et, maintes fois déjà, dans des cas analogues, la loi des phases a conduit à étudier expérimentalement des variations, qui par leur petitesse, avaient jusqu’alors échappé à l’observation.