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le conduire plus tard à la théorie des ions. Dans ses premiers travaux, il avait déjà songé aux points essentiels de cette théorie, et il avait dit notamment que la force des acides et des bases devait être proportionnelle à leur conductibilité électrique.

Cette dernière propriété était alors (vers 1885) si peu étudiée qu’Arrhenius put à peine trouver dans la littérature scientifique une demi-douzaine d’acides pour lesquels fussent déterminées à la fois la force et la conductibilité électrique. Pour ces acides, sa prédiction fut vérifiée au moins pour le rang dans lequel ils se classaient et pour l’ordre de grandeur des valeurs numériques. D’autres savants remarquèrent bientôt le parallélisme entre ces deux grandeurs, et plus de trente cas montrèrent que la propriété générale des acides, que l’on appelle leur force, était proportionnelle à leur conductibilité électrique aussi exactement qu’on pouvait l’espérer.

Ici se dressait une autre difficulté : la conductibilité des acides, selon la définition donnée plus haut (p. 177), n’est pas une grandeur déterminée, mais elle varie avec la concentration, et cette variation n’est pas la même pour tous les acides. Les acides forts ou bons conducteurs (avec le parallélisme dont nous venons de parler, cela revient au même) conservent leur force et leur conductibilité presque indépendamment de la dilution ; pour les acides faibles, les valeurs de ces