Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/264

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parallèle établi par Berthollet entre les phénomènes chimiques qu’il étudie et la perte de chaleur par rayonnement (conductibilité extérieure) est bien remarquable. Newton avait donné la loi du rayonnement : la quantité de chaleur rayonnée est proportionnelle à la différence de la température. Avec le secours de l’analyse mathématique on en déduit que la vitesse de refroidissement est proportionnelle au logarithme du temps : la loi qui régit les phénomènes chimiques les plus simples prend la même forme, si on assimile leur vitesse à la vitesse de refroidissement. Cependant on ne trouve pas encore chez Berthollet l’idée générale de vitesse de réaction, et c’est seulement un demi-siècle plus tard que cette notion s’introduisit d’une façon convenable en chimie.

Il s’agit encore une fois d’un travail fondamental, fait par un homme qui est resté tout à fait inconnu, Wilhelmy. Il n’y a pas longtemps que la chimie générale est une science reconnue, et rien ne le montre si nettement que la faible notoriété de ce grand nom. Les fondateurs de l’astronomie sont universellement connus, et nous concevons à peine qu’on puisse ignorer les noms de Kopernik, Képler et Newton ; au contraire, Richter, Wenzel et Wilhelmy sont inconnus, et si quelqu’un demandait à un homme cultivé quelque renseignement sur leur compte, l’indiscret serait éconduit avec mépris ou indignation. Je craindrais même qu’un