Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/265

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certain nombre de chimistes sérieux, qui se croient et qu’on croit bien au courant, ne fussent un peu embarrassés si on venait à leur en parler.

Wilhelmy faisait partie du cercle des jeunes physiciens de Berlin auquel appartenaient Helmholtz, Brücke, Wiedemann, etc., et d’où est sortie en grande partie la physique allemande du xixe siècle. Il aimait la science, il était riche, et il consacrait volontiers ses revenus à l’achat d’appareils nouveaux et intéressants. Les longs et multiples travaux du physicien français Biot (1774-1862) venaient de montrer l’application du polarimètre à la mesure de la concentration des solutions sucrées, et Wilhelmy s’en était procuré un. Dans un travail fait en commun avec Persoz, Biot avait indiqué que l’on peut suivre la transformation du sucre de canne en ses produits d’hydrolyse (sucre inverti) sans toucher aux corps mis en jeu, tout simplement en observant la rotation du plan de polarisation dans une solution additionnée d’acide, et il avait signalé l’intérêt que pouvait offrir l’étude approfondie de ces phénomènes. Wilhelmy, avec son bel appareil tout neuf, s’était attaché à ces réactions remarquables. Il avait un esprit tourné vers les mathématiques et la théorie, et il profita de l’occasion pour pénétrer de cette façon commode et agréable dans une région tout à fait inconnue, où d’ailleurs il dut se frayer le chemin, et il créa pour cela les concepts nécessaires.