Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/269

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mative. En écrivant l’équation, on ne fait pas de suppositions spéciales sur la nature particulière de la réaction étudiée ; on suppose seulement, d’une façon générale, que la vitesse de la réaction étant proportionnelle à la concentration, dépend de la quantité de corps mis en jeu de la manière la plus simple qu’on puisse imaginer. Wenzel avait fait ce postulat soixante-dix ans plus tôt, mais malheureusement sans expériences. Il avait en vue des réactions bien différentes de l’inversion du sucre, qui n’était pas connue de son temps, et cela nous fait voir clairement la généralité de cette supposition.

Pourquoi a-t-on mis si longtemps à découvrir cette chose si simple ? La réponse la plus naturelle est que, dans tout l’intervalle de temps qui sépare Wenzel de Wilhelmy, la chimie scientifique, s’occupait de problèmes tout différents. Les chimistes d’alors avaient une toute autre façon de penser et de travailler ; aujourd’hui encore, bien des savants distingués séparent absolument de la chimie proprement dite l’étude des problèmes analogues à celui dont nous parlons ; ils la regardent avec une bienveillance toute théorique, et, s’ils veulent bien lui accorder une place dans la science humaine si vaste, c’est à la stricte condition que l’esprit de la chimie pure n’en sera pas souillé.

Autre raison du lent développement de cette question : les réactions entre sels exclusivement étudiées dans les premiers temps, se passent si