Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/289

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introduire dans la science, par l’expression force catalytique, une nouvelle qualité inconnue. Il ne s’agit pour lui que d’un nom compréhensif, s’appliquant à un ensemble de faits réels, dont la constitution est encore inexpliquée, et il recommanda expressément de ne pas enrayer l’étude expérimentale de ces questions par des théories prématurées, reposant sur des vues hypothétiques. La suite n’a montré que trop clairement combien cet avertissement était justifié, et combien peu on en profita.

Nous arrivons ici à une page très attristante de l’histoire de la chimie. On ne peut malheureusement pas la passer sous silence, comme tant d’autres choses, où se cachent, sous le couvert de la science, les vues courtes et même la malveillance des faibles humains. Les fautes commises ici ont eu tant d’influence, que le développement de la question en a été retardé plus qu’il ne convenait. Reportez-vous de quelques années en arrière, et rappelez-vous ce qu’il en était du mot catalytique : tous ceux qui l’employaient étaient soupçonnés de légèreté, et risquaient de s’entendre dire par les chimistes les moins qualifiés, que le nom de catalyse n’expliquait absolument pas les phénomènes en question, comme si Berzélius n’avait pas mis les gens en garde contre une telle méprise par une recommandation formelle placée en tête de ses explications sur la catalyse.

Celui qui mena la campagne contre le progrès