Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/299

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déjà reconnu plus ou moins nettement, on ne peut réaliser par catalyse aucune réaction, qui soit en contradiction avec les lois de l’énergie. On ne peut créer ni énergie brute ni énergie libre, et les actions catalytiques les plus considérables sont produites souvent par des masses extraordinairement petites des corps catalyseurs. Le catalyseur ne peut donc apporter qu’une quantité d’énergie insignifiante, et même, la plupart du temps, on le retrouve inaltéré à la fin de la réaction. Quelle liberté le catalyseur peut-il encore modifier ? Les explications, que nous avons déjà données (p. 270), contiennent la réponse à cette question. Les principes de l’énergétique ne fixent pas, à eux seuls, la durée ou la vitesse des réactions chimiques : d’autres causes interviennent ici, et c’est le domaine de la catalyse. En d’autres termes, seules les réactions, qui seraient possibles sans catalyse, peuvent être produites par l’action des catalyseurs, et cette influence ne peut se rapporter à l’équilibre lui-même, mais seulement à la vitesse, avec laquelle il est atteint. Par conséquent, un catalyseur est un corps, qui modifie la vitesse d’une réaction chimique, sans apparaître, lui-même, dans les produits résultant de cette réaction.

Comme le demandait Berzélius, cette définition ne préjuge rien des causes de la variation de la vitesse, et elle laisse le champ libre à une étude expérimentale plus approfondie. D’autre part, elle nous donne aussi ce que nous avons le droit