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progressivement à disparaître. L’unité morale des consciences s’est affirmée au cours de l’évolution historique sous le triple effort pour la liberté, l’égalité, la fraternité, l’unité sociale s’est constituée malgré les races, les classes et les croyances ; sous l’empire des activités croissantes et des distances vaincues tend à se constituer économiquement, juridiquement et politiquement, après la famille, la cité, la nation, la communauté humaine toute entière.

L’ABSTRACTION. L’IDÉAL.


L’abstraction. — L’humanité a progressé à mesure qu’elle s’est élevée dans l’abstraction. La langue avec ses noms généraux et ses termes abstraits, la mathématique passant des nombres concrets aux nombres abstraits, de l’arithmétique à l’algèbre ; la loi, simples ordres visant des cas particuliers au début, se généralise et prend les formes de vastes codifications. L’humanité doit attendre de son nouveau développement une ascension plus haute encore dans l’abstraction.

« Avoir, dit Lebesque, un sens aigu de la réalité qui permet ensuite de se mouvoir avec aisance dans l’abstrait, lorsque sous l’abstrait on commence à savoir voir le concret et dans le général tous les cas vraiment utiles. »

L’idéal. — L’idéal est ce qui existe dans l’idée, dans l’imagination, dans l’entendement, qui est conçu sans être réel. L’homme élève autour de lui un univers idéal auquel par l’action ensuite il donne la réalité et la vie. L’idéal de la vérité, de la beauté et du bien, la perfection en chacun d’eux a traversé le siècle, remontant les plus grandes difficultés mais allant sans cesse en s’accroissant.

L’idéal est authentiquement matériel. La science constate que le beau et le bien, après avoir été considérés comme des entités métaphysiques ne sont plus, pour les physiologistes, que les effets de notre propre constitution intellectuelle ; ils sont rentrés en nous ; la