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poésie de la nature est dans le cerveau de l’individu ; l’idéal est humain, — donc relatif et bon. Il est une résultante, une idée de possibilité, le désir du mieux ou la recherche du moindre effort. (Van Drunnen.)

L’idéal est semblable à une sphère régulière mais élastique. Déformée et compressée, la sphère reprend sa forme dès que cesse les pressions exercées sur elle. Ainsi l’idéal doit reprendre sa forme intégrale dès qu’ont disparu les circonstances qui l’ont déformé.

Un idéal n’est pas simplement de caractère intellectuel. Il se propose par le sentiment, il demande l’adhésion du cœur.

De toute chose et de toute fonction, il y a lieu de déterminer l’état idéal (standard, étalon).

L’idéalité a un rôle immense à jouer. La seule proclamation des idées, de l’idéal, agit déjà dans le corps social. Leur formulation en principes, constitutions, plans, fournit à tous des critères d’appréciation. C’est comme une grande voix qui fait entendre le cri de la raison et de la conscience.

Peut-être les travailleurs de l’esprit idéaliste ne sont-ils occupés qu’avec des ombres. Mais comme il n’est pas certain que toute la réalité ne soit pas ombre elle-même, la différence entre eux et les réalistes tend à s’effacer. À cela près toutefois que les idéalistes vont aux ombres directement et sans être trompés par l’illusion.

L’idéal, c’est en toute chose la perfection entrevue dans les pérégrinations de la vie. Au milieu des horreurs, des vilainies, c’est lui, comme un bon viatique, qui aide à faire la traversée terrestre.

« L’idéal est quelque chose qui prend tout l’homme et qui, par le dévouement, l’élève au-dessus de lui-même ; quelque chose qui provoque à la fois la certitude et l’enthousiasme, l’élan de l’esprit et l’élan du cœur, qui donne à notre vie entière un sens et une beauté. » (Albert Bayet.)