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théiste : le judaïsme, religion d’un petit peuple d’Asie, qui se disait « le peuple élu » de Dieu, et qui allait imposer à tout le monde civilisé le respect de son livre saint, la Bible. Tout à coup, sous l’action et la parole du Christ, par l’enseignement des apôtres et des Pères de l’Église, naquit le christianisme, qui répandit à travers le monde, avec la conception d’un Dieu unique en trois personnes, les idées nouvelles et fécondes de charité, de fraternité universelle. « Les temps ont marché, le crucifié a grandi, détruisant le paganisme, absorbant la philosophie, détrônant l’empire, conquérant la terre, civilisant la barbarie, créant un monde nouveau (P. Didon). »

Dès lors, sauf chez les peuples sauvages, sauf dans l’Inde et dans l’Extrême Orient, toutes les religions seront monothéistes et auront la prétention d’être universelles. Avec Constantin le christianisme finit par l’emporter. Au XIIme siècle, le mahométisme le déposséda d’une partie de ses conquêtes. Au XIme siècle, l’Église grecque et orthodoxe se sépara définitivement de l’Église romaine ou catholique. Au début du XVIme siècle le protestantisme et la Réforme (Luther, Calvin) détachèrent de l’Église romaine des millions de catholiques, origines des sectes protestantes qui couvrent aujourd’hui la plus grande partie de l’Allemagne, de l’Angleterre, des pays Scandinaves, de l’Amérique du Nord, de l’Australie et de l’Afrique du Sud.

3. Malgré la grande diversité des religions aujourd’hui le seul Dieu que reconnaissent les grandes religions ce n’est pas le Dieu de tel cité ou de tel État, c’est le Dieu du genre humain, c’est Dieu le Père, législateur et gardien d’une morale qui a pour objet l’humanité entière (Durkheim).

4. La question de l’unité des Églises, de l’unité de la foi chrétienne demeure toujours dans les préoccupations de l’Église catholique. Elle n’a jamais perdu l’espoir de rallier à elle, avec le temps, les dissidences israélites, protestantes, et autres religions « purement extérieures ». Elle considère ces dissidences comme des incidents du temps, et elle reste dans le temps avec toute sa sérénité désirable, « Allez de par le monde » a dit l’Évangile, et Rome agit peu à peu : poco à poco. Déjà la question a été posée si un Concile général, purement religieux n’admettrait pas des protestants qui pourraient le demander, avec voix consultative et à titre d’auditeur d’abord.

Des projets existent pour le rapprochement entre l’orthodoxie russe et le catholicisme romain. Certains pensent que la tâche des Ruthènes uniates c’est d’en être des intermédiaires. Leur liturgie est du rite slave, mais la majorité est rattachée à Rome[1].

Il existe aussi un mouvement en faveur de l’unité des Églises protestantes. Un Congrès international se tenait à Bâle à ce sujet à la

  1. R. P. Overmann, S. J. dans « Stimmen der Zeit : Das Erwachen der Ukraïne, p. 546-555.