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122. Responsabilités immédiates et directes.


Quelle que puisse être l’importance des causes générales, impersonnelles, elles ne sont pas suffisantes par elles-mêmes. Pour qu’elles produisent leur effet, encore faut-il que des volontés humaines se prêtent à leur action. Pour qu’une guerre éclate, il faut qu’un État la veuille et c’est lui qui en porte la responsabilité. Si certains ont pu menacer, il en est un qui est passé des menaces à l’acte.

Il n’entre pas dans le cadre de cet ouvrage de discuter longuement et documentairement la question de la responsabilité immédiate de la guerre. Elle a été examinée avec passion dans tous les pays, par les gouvernements belligérants d’abord, par les nationaux de ces gouvernements ensuite, et aussi par les neutres. Le jugement de ceux-ci paraît fait aujourd’hui. C’est aux empires austro-allemands que la responsabilité de la guerre est imputée.

« Cette guerre a été projetée et préparée depuis longtemps par l’Allemagne et l’Autriche, non seulement militairement, mais aussi politiquement. L’on était résolu depuis longtemps à faire croire au peuple allemand que cette guerre offensive était une guerre défensive, parce que l’on savait que c’était le seul moyen d’éveiller l’attention populaire. Cette guerre avait, pour but d’obtenir d’abord l’hégémonie sur le continent et de déposséder ensuite l’Angleterre de son rôle de première puissance mondiale, d’après le principe « Ôte-toi de là que je m’y mette[1]. »

Les éléments de la discussion sont fournis en premier lieu par les documents diplomatiques qui ont fait dans tous les pays l’objet de publications officielles. Ils se complètent et se soutiennent mutuellement. Ils ont donné lieu à des travaux d’ensemble et à des discussions de détail, dans la presse et dans les publications générales. Les discours des chefs d’État et des ministres les mettent au point. Nous y renvoyons, nous bornant ici à les résumer[2].

L’argumentation, basée sur les faits, se développe ainsi contre l’Alle-

    pour commencer la guerre mais en outre de toutes les préparations antérieures en vue de l’avenir, je crois être près de la vérité que seuls les Luxembourgeois et les Belges n’ont jamais pensé à attaquer personne et que chez tous les autres il y a une doublure plus ou moins accentuée d’hypocrisie dans l’emploi du mot « défensive » (Dr  A. Forel).

  1. J’accuse, p. 23.
  2. Livres russes (Livre orange), Livres français (Livre jaune), Livres belges (Livre gris), Livres allemands (Livre blanc), Livres anglais (Livre bleu, correspondance britannique relative à la crise européenne), Livres serbes. — « J’accuse », par un Allemand (traduction de l’allemand, Lausanne, Payot). Cet ouvrage a donné lieu aux suivants : Hermann Fernau, Justement parce que je suis Allemand (une mise au point de la question de culpabilité posée dans le livre « J’accuse ») ; Bro-