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Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/376

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partis entretiennent la vie politique. Celle-ci d’après les époques est plus ou moins intense. Le scepticisme politique, ides nations civilisées a souvent été dénoncé. « Actuellement, dit Ferrero, la plupart des gens des classes hautes et des classes moyennes, pour se donner au trafic, à l’agriculture, aux études et aux plaisirs, négligent les affaires publiques et redoutent le service militaire. Il en était ainsi dans Rome après la conquête. Il en est ainsi dans les États modernes. » — La vie mondiale déjà a fait naître de grands partis politiques internationaux : les partis des socialistes et des révolutionnaires internationaux, le parti de l’Église (catholiques, ultramontains, cléricaux) et, peut-on dire aussi, le parti des francs-maçons (libres penseurs, anti-cléricaux) les trois internationales : rouge, jaune et noire. Les partis révolutionnaires internationaux ont été successivement les francs-maçons et les Carbonari, la « Jeune Europe » républicaine, les Écoles socialistes, partis communistes, les partis révolutionnaires pendant la révolution de 1848, la première Internationale (1862-72), la deuxième Internationale, les anarchistes, les révolutionnaires[1]. D’autres partis se formeront encore. Des libéraux de tous pays, avant la guerre, avaient projeté de constituer une organisation internationale et de s’appuyer éventuellement sur l’Union interparlementaire. — Mais à côté de ces partis, universels en ce sens qu’ils existent dans tous les pays, il faut prévoir d’autres groupements basés sur les conceptions mêmes de l’ordre et de la vie internationale. C’est ainsi qu’il existe aujourd’hui, non organisés mais virtuellement prêts à l’être, des partis politiques internationaux conservateurs et progressistes : conservateurs ceux qui trouvent que tout est bien dans l’organisation des rapports internationaux et que rien ne peut-être amélioré ; progressistes ceux qui croient à la possibilité de réformes et de transformations profondes. — Sans doute tout n’est pas excellent dans l’existence des partis. Les partis purement politiques sont basés sur des théories politiques. Ils s’opposent à la division par forces sociales. Les théories ne peuvent être classées d’une façon concrète et se contentent de formules imprécises ; elles se multiplient, elles s’engendrent les unes les autres, elles surenchérissent les unes sur les autres. Une campagne électorale les fait éclore ou disparaître, elles donnent une opinion à ceux qui n’en ont pas, ou modifient l’opinion de ceux qui en ont une, et on assiste au morcellement des partis, à une rivalité ardente entre des coteries jalouses, dont chacune, dépositaire d’une vérité fort relative, s’imagine qu’elle défend une vérité absolue (Prins). — Une représentation internationale donnée aux forces et aux fonctions sociales elles-mêmes constituerait en un certain sens un substitut des partis politiques. Cependant il est à croire que ceux-ci ne tarderaient pas à se former au sein même de cette organisation. Par tempérament, cul-

  1. Szignobos, Histoire contemporaine. (Les partis internationaux.)