Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/448

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nut les États protestants. — L’hégémonie, la prépondérance d’un seul conduit sous sa forme extrême à l’empire universel. Cette politique, pratiquée dans les temps modernes par les Habsbourg, la maison d’Espagne, la France de Louis XIV et de Napoléon s’est toujours écroulée en ruines. Le vieux rêve de domination a hanté l’Allemagne à son tour et voici que la guerre, non terminée encore, montre déjà quel sort veulent lui réserver les nations coalisées pour lui résister. — Quant à l’équilibre il consiste à balancer les forces entre elles et à former des combinaisons qui se fassent contrepoids. Cette politique a pour corollaire celle des alliances, des compensations et aussi des « pourboires ». Elle a trouvé deux fois son expression, jugée momentanément parfaite, dans le traité de Westphalie et celui de Vienne. Mais avec l’accession d’un grand nombre d’États nouveaux à la vie mondiale, avec l’accélération de croissance de certains éléments constitutifs des États, tels que la population, le commerce, l’instruction, la réalisation de l’équilibre est un « puzzle ». La moindre rupture qui se produit en lui provoque le renversement de tout le système. — La Société des nations ou Union des États, sur une base d’égalité et d’indépendance, le nouveau système proposé, réalise pour les États ce que la société civile réalise pour les individus. Les droits y sont équivalents et également garantis, qu’il s’agisse d’un fort ou d’un faible, d’un riche ou d’un pauvre.

3. L’Union est fédérative. — L’organisation proposée serait l’extension à tous les États d’une véritable fédération comportant un lieu minimum. Elle serait ainsi l’aboutissement du mouvement fédératif et du mouvement des alliances. Les ententes particulières et les groupements entre certains États pourraient continuer à exister pourvu qu’ils n’aillent pas à l’encontre des principes de l’Union.

4. L’Union est juridique. — L’Union ne saurait se concevoir que sous la forme de système juridique. La Société des nations est avant tout une société basée sur le droit, impliquant des facultés et des obligations corrélatives, de nature aussi précise et aussi obligatoire que ceux qui dérivent de la société des individus dans un État civilisé. L’existence d’une telle société entre les États a été officiellement reconnue aux deux conférences de La Haye, sans que des mesures aient toutefois été prises pour en assurer le parfait fonctionnement.

5. L’Union est mondiale. — L’Union doit s’étendre à tous les États indistinctement et à toutes leurs possessions, colonies et protectorats. Ce ne serait pas atteindre les buts recherchés que de la limiter à certains États. Les États-Unis et le Japon, bien qu’États américains et asiatiques, ont été reconnus comme grandes Puissances ; antérieurement la Turquie avait été admise dans le concert européen bien que puissance non chrétienne. Vouloir créer une Union des États de l’Europe (États-Unis de l’Europe) c’est méconnaître l’état réel des rela-