Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/455

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tique d’un pays à base démocratique appartient au parti le plus puissant. La minorité doit s’incliner devant la majorité. Celle-ci est le principe pratique d’un règlement des choses humaines. Cette possibilité donnée à chaque parti, de grandir et d’adapter un jour la société à ses propres besoins est la condition même de la paix à l’intérieur des États. Elle a mis les peuples à l’abri des révolutions violentes et a introduit dans la vie interne des sociétés un principe de développement. Cette vie n’est pas basée sur le maintien du statu quo, sur la conservation des droits acquis. Toutes les situations existantes peuvent, à l’heure où les majorités en décident, faire place à d’autres situations. De même on ne peut vouloir que le monde international demeure dans le statu quo, comme tendent à le maintenir les thèses purement juridiques et pacifiques. On ne peut protéger indéfiniment dans leurs droits historiques les nations qui, au regard d’autres plus jeunes et plus actives, plus productives, ont fini par vivre de leur richesse héritée ou d’avantages naturels incomplètement mis en valeur, et sont devenues désormais décadentes ou moins productives. En résumé il est nécessaire d’en arriver entre les nations elles-mêmes à des institutions législatives internationales où chaque État soit représenté par une puissance de vote proportionnelle à sa force réelle (cérébrale, musculaire, économique) et où, à côté des intérêts propres à chaque pays, puissent être représentés aussi les grands intérêts communs à toute la terre et à toute l’humanité. Ce doit être la fonction d’un parlement international. Mais pour atteindre ce but il doit être basé sur une « loi électorale », qui fasse de lui une sorte de résultante ou parallélogramme de toutes les forces internationales et dans lequel les décisions soient prises sous l’empire de la majorité.

Un parlement mondial doit donc fournir le moyen de discuter ouvertement et clairement les intérêts, d’apprendre aux peuples à se connaître en travaillant ensemble, de donner l’impression sensible d’être le corps représentatif de toutes les forces humaines.

332. Organisation générale du Parlement.


Il y a en théorie bien des manières d’organiser un parlement international. Le parlement peut être une représentation diplomatique des États et en ce cas ne guère différer des grands congrès. Il peut aussi être une émanation des parlements nationaux, ou encore compléter cette représentation par celle des grandes forces économiques et intellectuelles organisées. Ces trois ordres de représentation peuvent être combinés en une seule assemblée, ou bien en deux assemblées formant Chambre haute et Chambre basse. L’essentiel est d’arriver à une expression adéquate des forces. La représentation doit l’emporter sur l’élection. Un système rationnel réserverait aux délégués diplomatiques des gouvernements le Conseil exécutif des États et créerait un