Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/483

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sidence une conférence des ambassadeurs de France, d’Italie et d’Allemagne. Les deux premières acceptèrent l’offre, mais l’Allemagne ne voulut pas y consentir. Ceci avait lieu le 27 juillet et le 28 du même mois l’Autriche déclarait la guerre à la Serbie. L’Allemagne s’est défendue d’avoir refusé la conférence, preuve qu’elle se rend compte que l’opinion du monde n’est pas favorable à celui qui refuse de discuter. Mais ses explications sont peu claires. « L’attitude de la France, dit le chancelier, est exposée avec précision dans le Livre jaune. Elle ne se fia pas aux assurances allemandes. Toutes les démarches de notre ambassadeur à Paris, baron de Schœn, furent accueillies avec méfiance. Quelle fut l’attitude de l’Angleterre ? Dans les entretiens diplomatiques, elle fit semblant jusqu’à la dernière heure de participer au travail de médiation, mais en réalité ses actions avaient en vue une humiliation des deux nations tripliciennes[1]. » Cette possibilité de régler le conflit par voie de conférence a suscité de violentes polémiques depuis la guerre. Malgré celles-ci la question reste confuse et on garde l’impression que les choses furent tellement précipitées, les communications tellement chaotiques, un si grand rôle accordé au téléphone et au télégraphe, qu’elles n’auraient pu aboutir que difficilement. Si à ce moment l’on avait eu à sa disposition une Institution tout organisée, c’est vers elle qu’on aurait naturellement fait dériver les négociations. Mais il fallait à ce moment à la fois créer l’organe et se préoccuper de sa fonction spéciale. Et l’on était à la onzième heure !

354. Diplomatie.


Jusqu’ici c’est à la diplomatie qu’a été confiée la direction des relations internationales. Elle porte une large part de la responsabilité des événements, et toute réforme aura à compter avec elle, car elle est en possession d’état.

1. La diplomatie n’existait guère dans l’antiquité, au sens que nous lui reconnaissons aujourd’hui. La première ébauche d’un Jus gentium n’apparaît qu’à l’époque romaine : César fut un grand diplomate. Pendant les invasions des Barbares et durant la féodalité, la diplomatie ne joue encore qu’un rôle secondaire. Son importance augmente à mesure que grandit le rôle de la Papauté dans les rapports des peuples. En France la diplomatie naquit avec Louis XI : ce roi fut l’un des premiers qui entretinrent partout des agents à poste fixe. Henri IV l’imita. Le XVIIe siècle fut l’époque de la diplomatie française : c’est le règne des Richelieu, des Mazarin, des Lionne, des Torcy. Au siècle suivant, la diplomatie dégénère trop souvent en basses intrigues. Sous la Révolution, la diplomatie ne rentre en scène qu’à l’occasion

  1. Circulaire du Chancelier adressée le 21 décembre 1914 aux ambassadeurs et consuls d’Allemagne.