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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

de l’ouvrage des erreurs sont commises qu’il est utile de relever in fine en une liste dite Errata et corrigenda, erreurs et corrections.

b) Addenda et corrigenda. — Les listes en ont une grande importance dans certaine ouvrages qu’elles améliorent d’autant plus qu’un temps plus long s’est écoulé entre les premiers et les derniers volumes. Reste la question de rendre vraiment utile ces listes sans obliger à y recourir constamment. Les corrections à la main, d’après ces listes, des passages fautifs du texte est un moyen, mais il n’est pas satisfaisant, car il abîme les livres.

c) Les éditions successives sont aussi corrigées, augmentées et remaniées. Certains auteurs ont la probité de signaler eux-mêmes leurs changements d’opinion. Ainsi Lanson. Histoire de la littérature française, XIe et XIIe édition, p. XVIII et note 1, a signalé pour l’éducation littéraire de jeunes gens, ce qu’il appelle ses « notes de repentir et de conversion ».

8. Sommaires et Thèse. — a) Des résumée sommaires, précis ou abrégés sont souvent joints aux ouvrages et ont de grands développements. Ex. : Lilly’s « Four English Humorists of the Nineteenth Century ». — Voelkes « Indian Agriculture ».

Chaque chapitre est précédé d’un court sommaire (ou argument) qui le résume et permet d’en embrasser le contenu.

Desiderata : 1. Placer ce sommaire détaillé en tête de chaque chapitre. 2. Reproduire ce sommaire dans la table des matières. 3. Indiquer les idées développées sous forme de proposition ou thèse ou seulement de sujet ou rubrique.

b) On peut résumer les principales doctrines et propositions contenues dans un ouvrage sous la forme de Thèse placée à la fin. Ex. : Traité élémentaire de Philosophie à l’usage des classes. Édité par l’Institut supérieur de Philosophie de l’Université de Louvain. Tome II : après la Théodicée et in fine du volume.

c) Supplément. — Comme dans toute œuvre humaine, l’auteur reconnaît qu’il a commis des erreurs et des oublis. Il publie alors des suppléments, quand est terminé son ouvrage s’il est de longue haleine.

24 ESPÈCES, CLASSES, FAMILLES D’OUVRAGES

240 Généralités.

240.1 Notion.

Les documents forment des espèces (types, formes, catégories) qui combinent de manière différente, d’une part les éléments composants dont il a été traité au n° 22, d’autre part les parties structurées dont il a été traité ou n° 23.

Les espèces de livres et de documents peuvent se classer en quatre grands groupes.

a) Les documents proprement bibliographiques (traités ici sous n° 24).

b) Les documents graphiques, autres que les publications imprimées et les manuscrits d’ordre littéraire et scientifique (n° 242).

c) Les documents qui, sans être bibliographiques ni graphiques, sont cependant des équivalents ou des substituts du livre (n° 243).

d) Les documents qui sont le résultat de l’enregistrement, sous toutes formes de données relatives à l’administration publique et privée, aux « affaires » (correspondance, notes, rapport, comptes, registres, état, listes et répertoires, etc.).

Depuis l’invention de l’écriture, celle surtout de l’imprimerie, les livres se sont tellement multipliés, qu’ils forment presque autant de classes, de genres, de familles et d’espèces que les productions naturelles les plus connues. La Bibliologie est devenue une science presque aussi vaste que la Botanique et la Minéralogie.

La nature, avec des éléments relativement peu nombreux, produit des complexes morphologiques très variés. La théorie mathématique des combinaisons entre en action. Il en est de même des livres et les travaux faits pour classer en séries les éléments chimiques, les végétaux, les animaux, doivent suggérer des travaux analogues pour le livre.

Il faut étudier, signaler et collectionner les livres comme on étudie les plantes et les animaux, pour leurs types et non seulement pour leurs individus.

À cette fin, on possède les diverses espèces de catalogues de livres qui déjà ont largement avancé le travail.

En leur ensemble les livres forment comme l’immense orchestration des voix humaines. On y trouve des grandes familles d’instruments et dans chaque famille des espèces bien caractéristiques qui tous ont leur raison d’être. Le Livre proprement dit, la Revue et le Journal sont trois de ces grandes familles. Le Journal à fort tirage offre quatre ou cinq types, la Revue une douzaine de types, le Livre au moins une vingtaine. C’est là ce qu’en terme technique on peut appeler les « formes » du livre et leur étude se confond avec celle des espèces. Elles sont déjà au 2e degré, les complexes de formes bibliologiques plus élémentaires au 1er degré. Il faudrait pouvoir décomposer tous les documente en ces formes élémentaires, systématiser celles-ci et voir ensuite comment elles se combinent entre elles pour donner lieu aux diverses familles des formes de livre.