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GÉNÉRALITÉS

240.2 Classification.

La classification des espèces de livres peut se faire à plusieurs points de vue.

I. — D’après le contenu ou sujet traité.
A. — D’après les matières traitées.

Les livres dans leur ensemble tendent à enregistrer toutes les connaissances acquises et à former ainsi le corps bibliographique de la science. Les connaissances ou sciences sont ordonnées selon un ordre hiérarchique, et une classification : Philosophie, sciences sociales, philologie, etc. Il en sera question plus loin. Les spécialisations dérivant de la division du travail conduisent à consacrer ordinairement un livre ou un document à une science, à une question, à un point particulier.

B. — D’après les lieux.

On distingue aussi les ouvrages selon le pays ou lieu auquel se rapportent les matières traitées : ex. : Angleterre, France.

C. — D’après le temps.

On distingue les ouvrages selon le temps ou moment auquel les matières sont considérées. Ex. : XVe siècle.

II. — D’après le contenant.

On considère la forme à cinq points de vue différents : formes matérielles, formes scripturales, formes linguistiques, formes documentaires, formes intellectuelles, formes de destination.

A. — Formes matérielles.

1° Le Livre, ou ouvrage séparé, qui paraît sans suite et en un tout complet et indépendant. 2° La Brochure ou plaquette (pamphlet), livre de peu d’étendue. 3° Les Feuilles volantes, placards et publications paraissant en livraisons successives. 4° La Revue ou Périodique, publication qui parait à des dates régulières, avec suites, et dont les numéros successifs des années antérieures forment des collections. La revue est principalement destinée à tenir les lecteurs au courant de tout ce qui se passe dans un certain domaine, dans une certaine science. C’est une sorte de journal publiant les nouvelles de chaque spécialité. 5° Le Journal qui présente les faits au jour le jour.

B. — Formes scripturales.

On distingue suivant qu’il s’agit : a) de manuscrit (ancien ou contemporain, autographe) ; b) d’ouvrage composé sortant des presses ; c) de reproduction dactylographique ou polygraphiée par des procédés autres que l’imprimerie.

C. — Formes linguistiques.

Les livres sont écrits en toutes langues, ils donnent lieu à des groupes distincts d’après ces langues, qui, elles-mêmes, se rattachent à de grandes familles (latine, germanique, slave), et qui ont leur patois. Il y a une classification des langues. — Dans l’organisation des bibliothèques, on distingue les ouvrages en langue nationale. (En Belgique : français, flamand, allemand) et en langues étrangères.

D. — Formes documentaires.

On distingue : 1° Les œuvres dites bibliographiques, c’est a-dire les textes et les publications proprement dits. 2° Les Estampes, gravures, affiches, cartes postales illustrées et tout ce qui contient une illustration et est publié à part. 3° Les Photographies non publiées. 4° Les Cartes et Plans. 5° Les Partitions musicales.

E. — Formes intellectuelles.

On distingue des catégories d’œuvres d’après la disposition interne des matières, d’après certaines formes bibliologiques qui se sont constituées au cours de l’évolution du livre.

Parmi les livres proprement dits, on distingue les Monographies, ouvrages qui traitent d’une question particulière (ex. : Monographie de l’acier), les Manuels ou Traités, ouvrages qui exposent toute une science ou un ordre de connaissance, d’une matière, systématiquement et dans toutes leurs parties (ex. : Traité de Physique, Manuel de Chimie) ; les Encyclopédies ou Dictionnaires, consacrés, comme les traités, à toute une science, mais qui en diffèrent parce que les matières sont réparties en un certain nombre de mots ou rubriques, qui se succèdent dans l’ordre alphabétique (ex. : Encyclopédie de la Construction), les Thèses ou Dissertations académiques.

F. — Formes de destination.

À ces divers ordres de classement on pourrait en ajouter un sixième, celui qui prendrait comme base la manière dont l’œuvre est traitée, le caractère des auteurs et des lecteurs (Psychologie bibliologique). À ce point de vue, on peut distinguer :

Les livres pour le grand public instruit, pour les spécialistes, pour des catégories spéciales de lecteurs, pour l’enseignement aux divers degrés, pour le public en général. On peut distinguer encore :

Livres de faits (Exposé des sciences).

Livres de spéculation : Livres d’imagination, d’induction, d’investigation, d’invention.

Livres d’idées ou livres de philosophie : Étudient les faits au point de vue de leur relation de cause à effet.

Livres de sentiments : S’adressent aux facultés affectives, et particulièrement aux facultés sociales, esthétiques, émotives, morales (destinés à l’éducation littéraire).

Ces ordres de classement sont fondamentaux. On peut considérer que chacun d’eux occupe une des faces du cube ou bloc qui représenterait l’ensemble des ouvrages. Ce sont les mêmes ouvrages que l’on peut répartir chaque fois selon un ordre différent.