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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

Le défaut est que ce livre, concret pour être lu et consulté mais non pour apprendre quand on ne sait déjà. L’étudiant ne peut trouver de notions concrètes de descriptions analogues assises sur un être réel sans les chercher dans des monographies spéciales.

Un nouveau type de traité de zoologie a été réalisé par Yves Delage et Hérouard (traité de zoologie concrète).

L’auteur s’est proposé de présenter les choses sous la forme où l’étudiant le désire, où il a besoin qu’elles soient pour en avoir une notion précise et pour les retenir.

La liaison s’opère entre revue et traité. Ainsi le Recueil de Législation, de Doctrine et de Jurisprudence coloniale, publié sous le patronage de l’Union Coloniale française, et en liaison avec le Traité de Droit Colonial de P. Dareste. Ce traité donnera une base de documentation que le Recueil tiendra à jour, et réciproquement. Les 34 années antérieures du Recueil qu’il n’est plus possible à tous d’acquérir seront en quelque sorte résumées par le Traité.

Les trois publications suivantes ont été en partie coordonnées sous la direction du prof. J. E. Conrad.

— Grundriss zum Studium der politischen Œkonomie, en un volume.

— Handwörterbuch der Stantswissenschaften, 3e édition 1908 à 1911.

— Jahrbuch für Nationalœkonomie und Statistik.

Ces publications forment donc un traité, une encyclopédie alphabétique et une revue.

Certains traités sont en liaison avec des tableaux muraux (ex. : Manuel de l’arbre, édité par le Touring Club de France).

Beaucoup de traités sont établis en collaboration, notamment en Allemagne, où plusieurs rédacteurs spécialistes sont groupés sous une direction éditoriale. (Ex. Handbuch der Technischen Mykologie, de Lafar.)

Les temps sont venus où les sciences, continuant à avoir besoin de grands traités systématiques, sont dans l’impuissance de les voir produire par des individualités isolées. La collaboration à deux ou trois est devenue courante ; celle d’une association d’auteurs, d’un comité d’action comprenant des douzaines de membres y fait suite. Voici que s’instaurent peu à peu des instituts permanents dont la mission dévolue d’abord à de simples monographies, s’étend ensuite à des rapports et ultérieurement à des refontes et mises à jour de ces rapports. Les organismes internationaux officiels ou privés remplissent ici une fonction très importante. Ce qui se passe à la Société des Nations et au Bureau International est particulièrement intéressant à suivre, comme ce qui se passe dans les Instituts Scientifiques du Gouvernement des États-Unis.

f) Dans certaines matières, telles que l’art, le mot systématique a été pris dans un sens différent. Un ouvrage d’Art et d’Archéologie s’ouvre par une introduction donnant la définition et la division de l’art. Vient ensuite, coupée par période, l’histoire de l’art de différente peuples, c’est-à-dire celle de son développement organique. La partie systématique prend alors l’art dans son ensemble, elle l’étudie en lui-même, dans les matériaux qu’il emploie, dans les procédés qu’il applique, dans les conditions qui s’imposent à lui, dans le caractère qu’il prête aux formes, dans les sujets qu’il traite, dans la répartition de ses monuments sur toute la surface du terrain occupé par la civilisation. (Plan du manuel de l’archéologie de l’art, d’Ottfried Müller, commenté par Perrot et Chippiez.)

« Après une période de synthèse philosophique et de théories esthétiques dont les deux tentatives les plus puissantes furent à ses débuts les Vorlesungen über die Esthetik, de Hegel (1835-1838) et à son déclin la Philosophie de l’Art de Taine (1867), l’ambition des historiens de l’art dut se faire plus modeste. Avertis par l’insuffisance des encyclopédies éphémères, dont il serait d’ailleurs injuste d’oublier les services, ils se bornèrent à des monographies. Étudier l’œuvre d’un artiste, l’histoire d’un monument, l’art d’une région, dépouiller les inventaires et les comptes, constituer des séries, dresser des catalogues, tel fut le mot d’ordre dans tous les laboratoires historiques. À l’histoire de l’art comme à l’histoire sociale en politique, on applique la devise célèbre de Fustel de Coulanges : « Une vie d’analyse pour un jour de synthèse. » André Zinkel. Histoire de l’art. Introduction.

g) La philosophie a produit de grands traités depuis Aristote et depuis le moyen âge. Le Cours de Philosophie publié par l’Institut supérieur de Philosophie de Louvain comporte une série de volumes consacrés aux diverses parties de la philosophie par les divers professeurs. Les traités types en psychologie sont ceux de Wundt, de Lieps, de James, d’Höfdening, etc.

L’Allemagne continue à publier de grands traités. Par ex. celui de Joseph Fröbes (Lehrbuch der experimentellen Psychologie, 2 vol. ensemble 1278 pages). Une somme, un ouvrage énorme, patient, serré et admirablement documenté, comme il n’en paraît guère qu’en Allemagne, un traité que, grâce aux tables, on peut consulter comme une encyclopédie.

h) Les auteurs des grands traités scientifiques sont placés devant une tâche énorme à raison des rapides transformations de la science.

« La difficulté d’écrire un traité de physique, dit M. E. H. Amagat, consiste à faire place aux études nouvelles tout en répétant les théories classiques. S’il est opportun de modifier dès maintenant l’exposé de certaines branches de la physique en groupant de loin, autrement sans lien apparent, dont la dépendance réciproque résulte aujourd’hui de faits expérimentaux solidement établis, ne paraît-il pas dans d’autres cas, plus convenable au contraire et plus prudent de conserver sans modifications essentielles l’exposition consacrée, en faisant entrevoir que dans