Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/153

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
150
241
LE LIVRE ET LE DOCUMENT

pouvoir disposer pour deux fins différentes de deux formes bibliologiques qui soient psychologiquement et sociologiquement différentes.

b) Nombre. — En 1846, d’après Bolby, il se publiait dans tout l’Univers environ 3,000 journaux. En 1866, d’après Hatin, le nombre en aurait été de 12,000, avec chaque jour 3,000 versant toutes les vingt-quatre heures sur le globe de 5 à 6 millions de feuilles. Avant la guerre, le nombre de journaux et de périodiques était évalué ensemble à 72,000.

c) Périodicité. — On peut dire que les presses à nouvelles roulent tout le temps. On a des journaux du matin, du midi, du soir et même plusieurs éditions d’un même journal au cours de la journée.

d) Étendue. — Chaque numéro du Temps représente un volume d’environ 100 pages. Voilà 2 millions de pages pour la collection du journal. Le Berliner Tageblatt publie 44 pages, le Lokal Anzeiger 48, la Gazette de Voss 32, sans compter son supplément. Le journal anglais est immense, on le consulte, on ne le lit pas. Le journal allemand est lu du commencement à la fin. Un numéro du Times, du Nieuwe Rotterdamsche Courant, d’un grand journal américain, contient pour un prix minime la matière d’un volume in-8o de 300 pages.

e) Tirage. On peut le connaître par les chiffres donnés de temps à autre dans les comptes et certifiés par les autorités comptables. Le Daily News and Leader publie chaque matin le chiffre de son tirage. C’est un appel à la publicité. En France, chaque jour, 300 journaux couvrent le pays de 18 millions d’exemplaires. Pendant la guerre le tirage du Petit Parisien est monté à plus de 2 millions. Le Berliner Tageblatt. avec ses six suppléments hebdomadaires, arrive a peine à 100,000 exemplaires.

f) Rapidité d’information. — La nécessité d’être le premier à annoncer les nouvelles a fait faire des prodiges. En Amérique les grands journaux préparent d’avance des notices bibliographiques sur tous les grands hommes. On les remet à jour quand ils sont malades et qu’il y a danger de mort. La lutte de vitesse va plus loin. Dans les derniers jours de la mort du Pape, pendant toute une semaine, un des journaux de l’Ohio, imprima chaque matin 500 exemplaires avec ce télégramme : « Rome. Le Pape est mort aujourd’hui. » Ces 500 exemplaires furent régulièrement détruits jusqu’au jour où la mort a été réelle. Ainsi le journal put être le premier de la Cité à annoncer la nouvelle. Pendant que se vendaient les premiers numéros, on imprimait les autres.

241.324.1 Espèces de presse.

a) On distingue les journaux : 1° d’après leur périodicité ou le commencement de leur publicité : quotidien, hebdomadaire ou plusieurs fois par semaine, journal du soir, du midi ou du matin ; 2° d’après leur destination. Ceux qui s’adressent à la masse ou à une élite ; 3° d’après les matières : journaux d’information, journaux politiques, journaux spéciaux ; 4° d’après leur organisation financière. Journaux constituant des entreprises commerciales ; journaux d’État, journaux de partis politiques. Parfois désireux de posséder un journal indépendant, les abonnés en souscrivent les actions (ex. : Le Quotidien). D’autres fois la propriété du journal s’abstient systématiquement de tout ce qui est exploitation. (Ex. Christian Science Monitor.)

b) Presse financière. — Il y avait en Belgique il y a quelques années plus de 500 journaux financiers. Leur nombre se trouve actuellement réduit à moins du quart de ce chiffre. Le procédé de certains de ces journaux est simple : par des études circonstanciées, souvent habilement présentées, mais toujours tendancieuses, arriver à jeter la suspicion sur toutes les valeurs autres que celles du patron du journal et conclure par un conseil d’achat d’ailleurs intéressé en faveur de ces dernières.

c) Journaux de modes. — Le premier journal de mode en France date de 1768 (Journal du Goût ou Courrier de la Mode). C’est par dizaines que l’on compte aujourd’hui les journaux de ce type.

d) Journal mondial. — L’idée se fait jour d’un journal mondial, placé sous le contrôle efficace de tous les intéressés et publiant d’une part les nouvelles, d’autre part les démentis et les rectifications. Un tel journal, tout le monde pourrait le consulter avec confiance pour y trouver une présentation sincère et digne de foi des nouvelles internationales. Un tel journal serait à compléter par une Centrale de radiophonie diffusant journellement ces nouvelles ; et par une Agence internationale de Presse répandant les nouvelles parmi les journaux existants ; par une Union de la Presse internationale, attachée à la Société des Nations et à l’Union Pan-Américaine, par une section d’information au sein de cette organisation ou de l’organisation mondiale qui y serait substituée.[1]

241.325 COMPOSITION ET PARTIES DU JOURNAL.

a) Un journal est composé d’un ensemble de rubriques, les unes permanentes ou périodiques, les autres occasionnelles. Articles de fond divers. Articles de discussions politiques. Nouvelles du jour et faits divers. Roman-feuilleton, nouvelles locales, annonces.

b) Il faut distinguer les nouvelles (news) et les vues (views). Quelques feuilles (papers) sont des journaux (news papers) ; d’autres au contraire tendent à être des revues (views papers). Les journaux sont imprimés, dit Steed, pour dire les nouvelles. Le goût des nouvelles est aussi vieux que le monde ; un apport constant de nouvelles intéressantes et vraies est nécessaire à la vie de tout journal.

  1. Voir les suggestions des Associations de Presse pour la collaboration à l’organisation de la Paix. (N° officiel des publications de la Société des Nations, Conf. D. 143.)