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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

chaque jour une masse considérable. Télégraphie et téléphonie fonctionnent tout le jour durant et les informations sitôt reçues, sont transcrites, multipliées et envoyées aux journaux abonnés. Ceux-ci ne sont à même de publier qu’une partie de ces dépêches, communiquée et articles. Que devient l’autre partie ? Il est désirable dans l’intérêt de l’Histoire de la conserver en quelques exemplaires prototypes.

Il existe des combinaisons de tarifs télégraphiques et téléphoniques pour les journaux.

b) Impression. — Les grands quotidiens d’information possèdent à eux leur presse, leur rotative, leur matériel d’impression et de clichage.

c) Transports. — Question capitale pour la Presse. En 1929 il y eut à Genève une Conférence européenne relative aux transports de journaux et périodiques. Elle délibéra sur l’essentiel du problème devenu fort complexe.

d) Distribution. — Les journaux de Paris qui n’ont pas un service particulier de vente au numéro dans les départements chargent de ce service soit les Messageries Hachette, soit les Messageries du Petit Journal. Les dépositaires en province font connaître le nombre d’exemplaires qu’ils écoulent de chaque journal. Les employés des messageries prennent au bureau du journal la quantité totale demandée et adressent à chaque dépositaire un colis qui contient le nombre demandé par lui de tous les journaux qu’il débite. À Paris fonctionnent des systèmes qui divisent la capitale en secteurs, dont le préposé assure les débits et reprend les invendus.

Il s’est formé des services de messageries de journaux qui sont pour les journaux l’analogue des maisons d’édition ou de commandes. Ils prennent les envois pour les petits marchands.

En France la maison Hachette a 7,000 employés dans son service ; elle sert 16,000 vendeurs de journaux, elle possède 279 autos ; par son intermédiaire sont vendus 28 millions de pièces imprimées par an ou environ 77,000 par jour, dont 10 périodiques édités par elle-même.

Les messageries étendent leur action. Un accord est intervenu entre les Messageries Hachette et le Poste Parisien qui leur réserve l’exploitation de la publicité littéraire de ce grand poste, ainsi que l’organisation de ses conférences.

3. Les journalistes.

a) Dans un journal on distingue la direction et la rédaction et elles ont des responsabilités civiles, administratives et pénales très différentes. Une fonction spéciale est celle du secrétaire de la rédaction chargé du bon à tirer final. Les collaborateurs d’un grand journal sont dispersés à travers le monde entier. Le journal a des rédacteurs attitrés, des rédacteurs occasionnels, des contributeurs éventuels bénévoles.

b) Contrairement à ce qui se passe en France, un homme politique en Angleterre n’est jamais publiciste. Les journalistes y remplissent un rôle tout aussi important que celui de ministre, mais c’est un rôle distinct. Celui qui n’assume aucune responsabilité peut exposer ses idées. La tâche est grande et belle pour le publiciste qui peut exercer une influence sur les événements et posséder une belle autorité.

On s’est beaucoup occupé depuis quelques années dans les journaux littéraires de définir les rapports qui existent entre le journalisme et la littérature. Des journalistes font œuvres littéraires ; le journal est un moyen de faire connaître les œuvres au grand public.[1]

c) Le Bureau International du Travail a publié une étude sur « les conditions de travail et la vie des journalistes ». Elle passe en revue la situation des journalistes dans les divers pays aux points de vue de l’aspect général de la profession, de la formation du journaliste, du degré d’organisation de la profession, des conditions de travail proprement dites (durée du travail, repos hebdomadaire, vacances, etc.), des salaires, du marché du travail et des institutions de prévoyance. Elle relève les différences frappantes qui existent d’un pays à un autre en ce qui concerne la situation du journaliste.

Les vrais journalistes ne font pas métier de leur conviction et de leur caractère. Ils ont une conscience et défendent dans les journaux avec sincérité ce qu’ils croient être juste. Il est exact qu’un journaliste est souvent un homme plus soucieux de prendre la réalité immédiate dans ce qu’elle a de confus et de passionnant que d’étudier les phénomènes transcendants sous l’aspect de la réalité.

Le Congrès de la Presse Beige (août 1921) a estimé que la profession de journaliste, mission de confiance, de collaboration et d’initiation, a le caractère du mandat rémunérateur, il a repoussé la qualification d’employé, mais estime que les garanties de statut, de préavis et de congé sont nécessaires à l’exercice de la profession. Le syndicat journaliste et le syndicat de la Presse en France ont négocié, mais sans succès, l’établissement d’un statut des journalistes servant de base aux conventions entre les journaux et leurs collaborateurs.

On compte à Paris six fois plus de journalistes qu’il n’en est besoin. Un jour peut-être la Presse ne sera plus représentée que par quelques grandes feuilles d’information, qui tueront les autres, d’où une situation de chômage à envisager pour l’avenir.

4. Agences. Informations.

a) Les agences télégraphiques de nouvelles ont été fondées par Reuter en 1849. Il y a eu en Europe quatre

  1. Paul Ginisty : Anthologie du Journalisme, Paris. Delagrave.