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DOCUMENTS BIBLIOGRAPHIQUES

2° L’Index translationum. Répertoire international des Traductions est publié par l’Institut International de Coopération intellectuelle. Il donne trimestriellement la liste des traductions paraissant dans les principaux pays et tirées des bibliographies nationales. Pour commencer, il a annoncé les traductions paraissant en Allemagne, Espagne, États-Unis, France, Grande-Bretagne et Italie. (Le n° 1, juillet 1931, par ex., comprend 915 titres.)

3° Sur le rapport de M. Ciarlantini concernant les traductions, le Bureau permanent du Congrès international des Éditeurs est chargé d’une étude tendant à constituer un organisme international de renseignements relatifs aux Traductions, aux Éditeurs de tous pays qui en publient, à la bibliographie de ces traductions et à la clientèle de leurs lecteurs.

4° L’Association des Traducteurs de Moscou s’est proposé de familiariser les lecteurs de l’U. R. S. S. avec les œuvres choisies de la littérature étrangère et vice versa le lecteur étranger avec la littérature soviétique ; d’assumer la défense des intérêts syndicaux des traducteurs, d’améliorer les conditions dans leur travail en perfectionnant par des garanties collectives la qualité des traductions. (Bulletin de V. Ο. X. n° 36, p. 19.)

5° Certains gouvernements, certains groupements se sont préoccupés de donner un caractère moins aléatoire à la traduction. Il y a un haut devoir intellectuel à faire connaître des œuvres utiles parues en d’autres langues. Ainsi des traductions ont été faites par ordre. Ex.: Psychologie de l’Éducation, de Lebon ; traduction faite par l’ordre du grand-duc Constantin, président de l’Académie des Sciences de Russie.

6° Il est intéressant de rappeler un décret proposé par Talleyrand au Comité de l’Instruction publique en 1791. Il porte « Les Directions des Bibliothèques prendront des mesures pour que tous les ouvrages publiés dans tous les genres et dans toutes les langues soient achetés sur des fonds spéciaux. Ces livres, après avoir été inscrits sur les registres, seront examinés par les classes respectives de l’Institut et ceux qui auront été distingués par elles seront traduits en tout ou en partie par des interprètes attachés à cet effet en nombre suffisant aux bibliothèques. » Ce décret n’a pas été exécuté.

241.84 Extraits. Anthologie.

D’une œuvre on fait des extraits, des sélections, de longues et multiples citations ; on publie des morceaux, des Parties, des fragments. D’un ensemble d’œuvres, on fait des anthologies, les unes générales pour faire connaître et apprécier une littérature, les autres spéciales pour faire connaître une matière par les meilleurs écrivains qui ont écrit à son sujet. Ex. : Les florilèges, collection de fragments d’œuvres de poètes ou de prosateurs.

L’auteur ou ses éditeurs, de son vivant ou posthumement, rassemblent parfois dans un ordre logique et coordonné les meilleures pages écrites sur des sujets déterminés. (Ex. La Vie future, page du R. P. Monsabré, par J. Chapeau.)[1]

241.85 Arrangement. Transcription.

a) Il s’agit ici non de copie (reproduction), mais de transformation apportée au texte original pour quelque fin utile. Deux fins en particuliers : 1° Adapter un texte à une catégorie de lecteurs. La traduction en une autre langue en est le cas typique. Les « éditions à l’usage de » en sont un autre. On y remplace les mots difficiles par d’autres plus simples, ou l’on multiplie les notes explicatives. Ainsi pour les éditions scolaires (ex. l’Epitomsée, histoire sainte en latin tirée de la Bible, par Lhomond), aussi pour les œuvres de vulgarisation (ex. les ouvrages de Nicolas Roubakine). 2° Disposer les éléments d’un texte dans un ordre différent plus directement utilisable. Ce cas se distingue du résumé et de l’extrait, auquel généralement il participe, par ce caractère d’ordre interverti. Par ex. pour la mécanisation des opérations administratives et comptables des données d’une entreprise, les données des documents originaux (conventions, lettre, procès verbaux) sont retranscrites. La paraphrase d’une lettre-convention, par ex., est la reproduction de l’original avec seulement modification ou interversion de certains mots.

b) Version. — Les éditions de l’œuvre d’un auteur préparées à son intervention constituent largement une histoire des modifications de sa pensée ou des conditions nouvelles dans lesquelles a pu s’exercer son travail. 2. Un auteur peut à ce point avoir transformé sa propre œuvre, qu’il s’agit moins d’édition que de version nouvelle. Montherlant a réclamé le droit pour un auteur « jusqu’à l’âge du pied dans la tombe, de revoir et de corriger ses ouvrages ». Un écrivain, dit François de Roux, doit être libre d’améliorer et même d’abîmer une œuvre de lui. Les différentes versions d’un ouvrage de premier ordre ne se perdent jamais et chacun, tant que l’auteur est en vie, peut toujours choisir celle qu’il préfère.

c) Les livres capitaux, les livres saints ont fini par subir une rédaction « historique ». Les transcriptions, les omissions, les adjonctions et les traductions ont pu être de nature à exercer sur la forme originale d’expression une influence dissolvante.

d) L’adaptation de l’œuvre peut se faire à l’une des formes littéraire, musicale, théâtrale, cinématographique, cinéphonique, phonographique, radiophonique. Ainsi on

  1. New Larned History for Ready Reference. Cet ouvrage est un exemple d’extrait d’auteur. L’ouvrage traite de l’histoire universelle sous forme de dictionnaire. Les articles reproduisent les mots même dont se sont servis les meilleurs historiens du monde, avec citation exactes des sources.