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faire revivre un passé qu’on croyait à jamais enseveli dans les ténèbres.

242.19 Manuscrits modernes. Incunables.

1. Manuscrits modernes.

a) La période des manuscrits n’est pas close, quel que soit le nombre des œuvres imprimées, il en est aussi qui ne passent pas à l’imprimerie. Que deviennent-ils ? Restent-ils dans les tiroirs des éditeurs et dans les bureaux de rédaction ? Les bibliothèques sont amenées à réunir les manuscrits, car ils représentent un travail effectué.

b) De nos jours on publie certains ouvrages, non pour le grand public mais pour usage restreint et on les dit alors « Als manuskript gedruckt », imprimé comme manuscrit.

c) Depuis quelque temps on étudie attentivement les manuscrits des grands auteurs et l’on tâche par leurs ratures et surcharges de se rendre compte de leurs procédés de style.

2. Incunables.

a) On comprend, sous ce nom, les livres toujours fort recherchés qui remontent aux origines de l’imprimerie et parurent avant 1500, 1512 ou 1520. On distingue les incunables xylographiques, obtenus au moyen de planches et les incunables typographiques, composés en caractères mobiles. Les premiers sont les plus anciens, mais de date incertaine ; quelques-uns cependant paraissent remonter au delà de 1440.

b) Le nombre total des livres du XVe siècle est étonnamment grand. Le Repertorium Bibliographicum de Haim en a enregistré 16,300. Le Gesamtkatolog der Wiegendruk édité par la Commission prussienne (1925) y a ajouté un tel complément qu’on peut s’attendre un jour à 30,000.

c) En Bibliographie et dans les Bibliothèques, on traite généralement les Incunables comme une classe spéciale d’ouvrages à cause de leur valeur et parce qu’ils font la transition entre la période des manuscrits et celle des impressions du XVIe siècle. Cependant à la fin du XVe siècle, le livre moderne était établi en ses dispositions essentielles. Les caractères du type de Jenson et d’Alde lui donnent aussi un haut degré de lisibilité.[1]

242.2 Cartes et plans. Atlas.

1. Notions.

a) Une carte est la représentation cartographique de la terre ou d’une de ses parties sur une surface plane. La carte peut être définie : un enregistrement synoptique des faits géographiques en fonction de lieu.

b) La méthode géographique consiste à déterminer l’extension des phénomènes à la surface du globe (Ratzel). Le procédé le plus sûr pour imprimer un cachet géographique à toute recherche est de chercher à en exprimer cartographiquement les résultats. La représentation cartographique a pour la géographie une importance exceptionnelle (de Martonne). La topographie est la description et la représentation graphique d’un lieu, c’est l’art de représenter graphiquement un lieu sur le papier avec les accidents de la surface.

c) La carte représente la tentative faite de bonne heure pour donner une représentation aussi analogique et indéformée que possible du contour et du relief de la terre. On y tient compte ; 1° de la position ; 2° de la dimension ; 3° de l’orientation : mesures par rapport à des points pris comme base, nord, sud, est, ouest ; par rapport aux pôles et à l’équateur ; 4° la mesure : échelle par rapport aux mesures de bases, le mètre.

Les anciens ont donné aux régions représentées des dimensions et des positions fort inexactes.

d) Il en est des cartes comme des écrits. Elles peuvent être plus ou moins faciles à lire. La cartographie n’est pas seulement l’art de représenter les données vraies de la Géographie, de l’aspect géographique de tous les ordres de faits. Elle est devenue celui de les représenter avec l’efficience requise de tout document en général.

e) Reconstitution par l’image des choses.

La carte permet aussi la reconstitution de choses par l’image. Ainsi, on peut dresser un véritable atlas physique de tous les aspects géographiques d’un même lieu de la terre aux diverses époques de l’évolution géologique.

En traçant ainsi une série de cartes géographiques pour les périodes successives de l’histoire terrestre, on voit comme dans un kaléidoscope mouvant, les mers changer à chaque instant de forme et de place, les continents émerger un instant, puis s’enfoncer sous les eaux. Il semble qu’à tracer ces transformations, on pourrait apercevoir certains traits relativement constants et un rythme, une période dans la marche de ces flux et de ces reflux. Peut-être de les dater par rapprochement avec des influences astronomiques à phases connues.[2] De Launay : Histoire de la Terre, p. 82-83.

  1. Haebler. Handbuch der Inkunabelkunde.
  2. Phillips. — List of Works relating to cartography, Washington, 1901. — Warne, F. I. — 1919. Cartography in tien lessons. In-vol. XIV-159 p. Washington. Illustrations. — De Marchi, L. (Padova). — La reppresentazione della Superficia terrestre. Scientia, 1919. — Fordham. — Maps, their history Characteristics and uses. — U. S. Library of Congress, Division of Maps : List of Geographical Atlases. Washington, 1919-20, 4 vol. by P. L, Phillips. List cf Geographical Atlases. Jeorg W. L. G. Post War Atlases. In Geog rev. 13 (1923). p. 582-98.