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DOCUMENTS GRAPHIQUES

se composait de 77 tablettes et qui, pense-t-on, peuvent avoir servi de type au jeu des tarots. On joue encore ce jeu dans certaines parties de l’Allemagne et de l’Italie.

242.363 EX-LIBRIS.

Les Ex-Libris présentent deux caractères. 1° Celui de leur fonction : être une marque de propriété combinée éventuellement avec la cote de l’ouvrage et d’autres indications y relatives. 2° Le caractère d’une œuvre d’art, gravure, estampe.

Les ex-libris, les marques d’imprimeurs, les frontispices avec leurs vignettes parlantes et leurs motto suggestifs, disent bien les aspects multiples du livre.[1]

242.37 Photographie.

1. Notion.

a) La photographie est l’art de fixer sur une plaque couverte de substance impressionnable à la lumière, les images obtenues avec l’aide d’une chambre obscure. Elle est une méthode permettent d’obtenir par l’action de radiations visibles ou invisibles l’image durable d’un sujet. (E. Picard.) La reproduction de cette image s’appelle aussi photographie.

b) La photographie est donc l’« écriture à l’aide de la lumière » (photo-lumière, graphein-écrire). Depuis son invention elle a répondu de plus en plus à cette définition. Il y a maintenant trois manières d’écrire un texte ou un dessin : à la main, à la machine (dactylographie ou imprimerie, grande et petite), à la photographie. Lamartine définissait la photographie une collaboration de l’artiste avec le soleil.

La méthode photographique est appelée à remplacer de plus en plus la méthode visuelle. L’objectif, la plaque ou le film, le papier sur lequel l’image reproduite parvient à être fixée, sa multiplication en documente photographiques, c’est là un processus véritablement amplificateur de l’œil et amené à se substituer à lui, non seulement dans l’observation scientifique, mais dans la vie pratique (Travail, Éducation, Récréation).

2. Historique.

Ce qui a été, laisse quelque part quelque trace et, à la condition de trouver un réactif suffisamment sensible, on peut avoir l’espoir de le décéler. Le moindre rayon de lumière, la moindre vibration de l’éther, peut-être la pensée elle-même, peuvent s’inscrire et produire une empreinte ineffaçable. « Qui sait, disait Marcelin Berthelot, si un jour la science avec ses progrès ne retrouvera pas le portrait d’Alexandre sur un rocher où se sera posée un moment son ombre. » Les étapes du développement de la photographie sont celles-ci : 1° Fixation des images obtenues sur métal (Daguerréotype 1838) ; 2° épreuve sur papier (1839) ; 3° négatif sur verre permettant de tirer un nombre infini d’épreuves sur papier (1845) ; 4° plaques recouvertes d’une émulsion à la gélatine pour remplacer le collodion ; 5° accroissement de la sensibilité de la plaque réduisant le temps de pose ; 6° obtention de belles épreuves par addition aux émulsions de matières colorantes : plaque orthochromatique et panchromatique ; 7° application de la photographie à tous les domaines scientifiques et industriels ; 8° utilisation des prises de vue photographiques pour le lever exact et rapide d’une carte (photogrammétrie) combiné avec l’avion (photoplan) ; 9° la photographie des couleurs ou photographie intégrale. Lippman (1908) ; 10° la photographie des couleurs dites interférentielles (méthode Trichrome) procédé des plaques autochromes avec 6 à 7,000 grains par millimètre carré ; 11° les filmcolors, des pellicules autochromes dont le support est une feuille de celluloïd.

3. Espèces de photographies.

a) On a la série des termes suivants : a. négatives ou positives ; b. noir ou couleur ; c. plane ou en relief (stéréogrammatiques) ; d. original — diapositive sur verre ou film-pellicule — photographie ou photogramme ; e. cliché typographique ou photogravure ; f. normale, microscopique, macroscopique (réduction et agrandissement) ; g. statique ou en mouvement (cinéma, dynamique) ; h. à voir ou à projeter ; i. muette ou sonore.

b) La photographie a donné lieu à bien des modalités : a. agrandissement ou réduction ; b. combinaisons variées des photographies entre elles, les créations imaginatives, le mouvement ; c. les photographies donnent lieu à plusieurs types d’impression : séparées et par elles-mêmes, en album de vues, illustrant les publications elles-mêmes accompagnées de textes descriptifs, éditées sous la forme à projeter.

c) Comme documents, on distingue la photographie d’art, la photographie d’amateurs et la photographie industrielle. Comme sujet, on distingue les photographies d’art, les photographies industrielles, les photographies documentaires et scientifiques.

4. Le domaine de la photographie.

a) On peut dire que la photographie est une manière d’écrire basée sur les principes mathématiques, physiques et chimiques. La photographie est la plus importante des machines intellectuelles inventées par l’homme. Non seulement elle reproduit, mais elle produit les documents et représente la réalité directement sans l’intermédiaire d’un cerveau. En faveur de la photographie, il y a la présomption qu’elle ne peut pas tromper, qu’elle est un témoin irrécusable et irréfutable, qu’il n’y a pas à faire la part de l’« équation personnelle ». La photographie a donc fait reculer le dessin. D’autre part elle doit lui

  1. Jardere, H. — Ex-libris, notices historiques et critiques sur les « ex-libris » depuis leur apparition jusqu’à 1894. — Paris, 1895.