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FACTURE MATÉRIELLE

l’action, pour le but poursuivi par ce livre. Le plan des livres tend à s’identifier avec la classification même des données scientifiques, avec l’architecture des idées.

d) Tracer le plan du travail, un plan vivant qui croîtra et se modifiera en cours du travail lui-même. Le plan sera la future table des matières : il servira à préciser chaque idée, à lui donner sa juste place, à montrer l’idée et les divisions, à éviter des répétitions et des digressions. Le plan est propre à l’ouvrage, c’est une classification spéciale, personnelle. Le plan recevra lui-même une décimalisation spéciale. On établira la concordance avec la classification décimale qui est universelle et impersonnelle et qui permettra de puiser aisément dans les matériaux de la documentation.

252 Facture matérielle. Reproduction. Imprimerie.

1. — Notion.

a) Les documents une fois établis en original, il y a lieu pour un grand nombre d’entre eux de les reproduire en multiples exemplaires. Au cours des âges, des efforts constants ont été faits pour réaliser cette multiplication au moindre effort et coût. Au début il n’existait qu’un seul moyen : la copie, c’est-à-dire la reproduction à la main des duplicata de la même manière qu’avait été réalisé l’original. À ce procédé primitif se sont substituées successivement des opérations plus efficientes. L’Histoire du Livre en retrace l’évolution. Actuellement, on peut distinguer quatre espèces de moyens. L’imprimerie (documents imprimés, publication). La machine à écrire (documents dactylographiés ou ronéographiés). La photographie (documents polygraphiés). On y ajoute la reproduction par moulage, calque ou pochoirs de documents objets. Ainsi la reproduction est un fait général en documentation. L’imprimerie est le procédé le plus général. C’est d’elle qu’il sera surtout question ici.

b) L’imprimerie donne une puissance d’effets extraordinaire à l’idée écrite. Rien de ce qui y touche est négligeable.

c) L’imprimerie est à considérer : 1° comme métier ; 2° comme industrie et commerce ; 3° comme art ; 4° comme auxiliaire de la documentation, par conséquent de la Science, de l’Éducation et du Progrès social.

d) L’imprimerie a bénéficié de tous les progrès accomplis par les divers arts résultant eux-mêmes de l’application des sciences : par l’art des machines qui a perfectionné les presses et appliqué la vapeur comme force motrice ; par la chimie sur laquelle repose la lithographie et tout l’art de la reproduction photographique ; par l’électricité qui donna lieu non seulement à la galvanoplastie, mais à l’emploi du moteur électrique.[1]

2. — Historique.

a) L’invention de l’imprimerie a été réellement un développement et non pas un fait soudain, une découverte accidentelle, ni le résultat de quelque cause ou groupe de causes localisées en un lieu et un temps. La pratique d’imprimer avec un coin et avec une presse est aussi ancienne que les sceaux cylindriques de Babylone et est démontrée par les sceaux anciens et moyenâgeux. La presse elle-même a eu son prototype dans la vieille presse à écrou employée au moyen âge pour quantité de buts (reliure des manuscrits, pressage du papier, fabrication du vin, etc.). On voit naître alors deux procédés distincts : la xylographie consistant en une incision dans le bois d’une image reproduite à l’envers et encrée ensuite (cartes à jouer, livres-blocks, illustrations des livres primitifs) ; la typographie consistant en caractères individuels découpés ou fondus en blocs séparés de même hauteur. L’impression sur bois, comme le papier, serait venue de Chine, mais ce pays n’aurait pas poussé l’invention jusqu’à la typographie. Il y avait des blocs gravés sur bois en Italie et en Allemagne avant le XVe siècle. On vit des moralistes et le clergé essayer de donner un caractère moral aux jeux de cartes en mettant sur leurs fonds des dessins religieux ou scientifiques. (Ars moriendi, apocalypse, Biblia Pauperum, Canticum canticorum, Speculum humanæ salvationis). Ces publications allaient au peuple tandis que la noblesse possédait ses admirables manuscrits enluminés, les Missels et les Livres d’heures.

Le moment et le lieu de la première impression européenne par caractères mobiles et le nom de l’imprimeur ou de l’inventeur demeurent encore toujours un sujet de

  1. Modern Printing, by the British Printer. Thanet House. Fleet street 8c. London. 5 sh.

    Greffier, Désiré. — Les règles de la composition typographique, à l’usage des compositeurs, des correcteurs et des imprimeurs. Ce sont les lois créées par les maîtres et un long usage qui sont exposées dans ce livre. Paris. A Muller. Prix : 1 fr.

    Degaast, H. — Manuel d’apprentissage pour les industries du livre (20 volumes illustrés). Paris, aux Orphelins d’Auteuil.

    Thibaudeau, F. — 1924. Manuel français de typographie moderne. Vol. 1-3. Paris, Bureau de l’éd. 1924 (suite de la Lettre d’imprimerie). Vol. 1 Typographie moderne. XVI. 583 p. 2-3 album d’alphabets.

    Boivin et Lecene. — Le livre illustré moderne (histoire technique). Cercle de la Librairie. 4 fr.

    Morison, Stanley. — Four centuries of Printing (A survey of the development of the art of printing from the beginnings down to 1924).

    Turpain, A. — De la presse à bras à la linotype et à l’Électrotypographie. Revue générale des sciences pures et appliquées. Nov. 15, 1907.

    L’imprimerie et la pensée moderne. Bulletin officiel des Maîtres imprimeurs. Paris.